Elle est merveilleuse, la loi Mallié ! Elle est tellement souple qu’elle permet à tout lobby normalement constitué de faire pression sur l’Inspection du Travail (voir les affaires récentes du « Comité Haussmann », celles du quartier des Abesses à Paris, et du quartier Chinois), mais également sur n’importe quel Préfet : après celui de Nanterre, qui avait classé la Défense en zone touristique, voilà que le Préfet des Alpes Maritimes est mis sous pression par la municipalité de Cannes… |
Travail La municipalité a demandé le classement de Cannes en « zone touristique d’affluence exceptionnelle ». Objectif : autoriser l’ouverture des commerces le dimanche
La municipalité a demandé le classement de Cannes en « zone touristique d’affluence exceptionnelle ». Objectif : autoriser l’ouverture des commerces le dimanche. Le serpent de mer de l’ouverture des commerces le dimanche connaît un nouvel épisode à Cannes. La municipalité a franchi un pas. Discrètement. En envoyant le 13 avril dernier au préfet des Alpes-Maritimes une demande pour que Cannes soit classée en « zone touristique d’affluence exceptionnelle ». Un label qui permettrait à la ville de décrocher une dérogation temporaire pour les commerces qui « mettent à disposition du public des biens et des services destinés à faciliter son accueil ou ses activités de détente et de loisirs ».
Sur ce sujet épineux, la municipalité n’a pas fait l’impasse sur la concertation. Plusieurs réunions de réflexion ont réuni ces derniers mois, Danièle Bevenuti, adjointe au commerce et les représentants d’associations de commerçants : Cannes Prestige, Renaissance Carnot, l’UBACI… Les échanges ont permis d’établir le périmètre concerné par l’hypothétique ouverture dominicale, en cas de feu vert du préfet : il s’agit de l’hypercentre de Cannes, la fameuse Banane, le Suquet et le centre économique de la Bocca.
« Les conditions de la liberté »
Entre âpres défenseurs du repos dominical et chantres de la dynamisation commerciale, les enjeux économiques et sociaux s’affrontent toujours.
Cette évolution coule de source pour David Lisnard : « Cette ouverture contribue à la prospérité d’une ville touristique, et répond à la demande des consommateurs, comme c’est le cas à Juan-les-Pins ou Saint-Tropez ». Pour le premier adjoint, « on crée enfin les conditions de la liberté ».
« Exceptionnel »
Les syndicats ont une autre vision. « Pour nous, le travail le dimanche doit rester exceptionnel » déclare Gérard Ré, secrétaire général de la CGT Cannes. Au-delà des commerçants qui voudront bien travailler, c’est tout un pan d’activité (service, nettoyage) qui sera obligé de se mettre en route ». Si travailler le dimanche doit être entendu sur la base du volontariat, le syndicaliste doute de la réalité du libre arbitre des salariés. En clair, la CGT est opposée à la demande de classement en « zone touristique d’affluence exceptionnelle ». Aujourd’hui, la balle est dans le camp de la Préfecture. Sans doute retardée en raison du changement de préfet (Francis Lamy remplacé par Jean-Michel Drevet fin avril), la décision devrait tomber prochainement. L’ambition est évidemment d’attaquer la saison estivale avec des commerçants ouverts le dimanche. Reste encore à savoir si ils joueront le jeu.
« Cela pose des problèmes, reconnaît le député-maire Bernard Brochand. Mais aujourd’hui quelle ville digne de ce nom n’est pas ouverte le dimanche ? Et puis, si cela ne marche pas, on arrêtera… ».
garama@nicematin.fr Gaëlle Arama Nice-Matin