Le collectif saintais pour le repos dominical souhaite que la Ville affiche ce signe de ralliement à sa cause et signe sa charte. Ce qui est loin d’être gagné.
Verra t-on un jour un drapeau violet flotter sur le toit de l’Hôtel de ville, siglé « respect du repos dominical » ? C’est ce que souhaiterait un collectif saintais, du moins pour l’idée du pavillon. « Si après, le maire veut un tout petit fanion pour mettre sur son bureau ou dans le hall d’accueil de la mairie, nous ne sommes pas contre. C’est surtout pour le symbole », précise Philippe Debert, bénévole de l’association Défis, qui vient en aide aux chômeurs.
Les membres du collectif pour le repos dominical, qui réunit des associations, des syndicats et des partis politiques, ont également demandé au maire PS de Saintes, Jean Rouger, que leur charte, qui condamne l’extension du travail le dimanche, soit adoptée en conseil municipal.
« Nous avons été reçus plusieurs fois à la mairie, indique Alain Coudin, le secrétaire de l’union locale CGT. On nous a laissé entendre que nos demandes allaient être prises en compte, mais cela fait plusieurs mois et nous ne voyons rien venir. Nous avons juste reçu une réponse écrite du maire qui ne nous convient pas (lire par ailleurs). »
Or, le collectif veut faire de Saintes « une ville pilote » pour lancer cette sorte de label identifiable par un pavillon violet et la signature d’une charte. « Un maire socialiste est à la tête de la ville et ici, les autorisations d’ouvertures dominicales sont exceptionnelles. Les élus sont en phase avec nos idées. Tout est donc réuni pour que Jean Rouger accepte. On ne comprend pas », avoue Agnès Peré, secrétaire de l’union locale CFDT.
Le maire d’accord sur le fond
Le collectif a également contacté les mairies de Cognac, Rochefort, Saint-Georges-des-Coteaux et Châteaubernard. Aujourd’hui, seule cette dernière commune charentaise, dirigée par le maire Modem Daniel Boyer, a signé la charte.
« On sait que si Saintes franchit le pas, les autres suivront. On veut lancer un mouvement national, insiste Alain Coudin. Jean Rouger était sur le point de dire oui. On était prêt à organiser la remise du drapeau violet en grande pompe. On est déçu… »
Philippe Debert, lui, se sent un peu trahi. « On a aidé l’équipe actuelle de la majorité de gauche à coller les affiches pendant la campagne municipale de 2008 », rappelle t-il. Sans doute attendait-il un petit retour d’ascenseur ? Toujours est-il que sur le fond, les élus saintais rejoignent les idées du collectif.
Reste la forme. « Il y a déjà beaucoup de labels sur la ville. Ne noyons pas le message que le collectif veut faire passer. Il n’y a aucune ambiguïté sur notre opposition à l’extension du travail le dimanche, mais de là à le signifier par un drapeau violet. À ce jour, ce n’est pas d’actualité », confie Paul Durand, le directeur de cabinet du maire.
Le violet est « neutre »
Mais, à propos, pourquoi un drapeau violet ? « Cette couleur n’a pas encore été prise. Elle est politiquement neutre. Ce n’est ni le rouge du PS, qui a participé à la rédaction de notre charte, ni le bleu de l’UMP », constate Alain Coudin. En absence d’accord de la ville de Saintes, lui et les autres membres du collectif envisagent de faire tourner une pétition qui sera adressée au maire.
« Le dimanche ne doit pas devenir un jour de la semaine comme les autres. Si tout le monde se met à bosser, que vont devenir les événements familiaux, sportifs, religieux et culturels ? C’est un jour consacré à la famille et aux activités. Dans un futur très proche, si on laisse faire, les ouvertures risquent de se généraliser. Certes, certaines professions ont l’obligation d’ouvrir, comme les boulangers, mais il ne faut pas que cela se généralise à d’autres professions qui n’en éprouvent pas le besoin », fait remarquer le secrétaire de l’Union locale CGT.
Le débat est donc loin d’être clos.