Les salariés de l’enseigne de discount ont tenu à sensibiliser les clients sur leur situation, hier matin, premier dimanche d’ouverture
Les Troyens qui avaient décidé de s’aventurer au Leader Price du boulevard Pompidou, hier matin, pour faire leurs emplettes, ne s’attendaient certainement pas à pareille agitation. Distribution de tracts, pétition, drapeaux et affiches syndicales en bonne place, les salariés ont gagné le pari de la sensibilisation, à défaut de conserver leur jour de repos dominical.
Car il s’agit bien là du motif de leur courroux. « Nous sommes contre cette ouverture, contre le dérèglement de notre vie familiale, mais la direction n’en a que faire », s’insurge Laurent Lemoult, délégué syndical CGT. Valérie Millet, Patrick Soret et Line Scapol, étaient aussi présents pour soutenir leurs collègues, en poste derrière les caisses, à l’intérieur du magasin. « Il faut bien comprendre que ce n’est pas du volontariat, il n’y a pas eu de négociation préalable. Au final, nous n’obtenons aucune compensation salariale, ce qui aurait peut-être permis de mieux avaler la pilule. Au petit Casino, rue de la Mission, qui fait partie du même groupe, le personnel reçoit 25 % de majoration, pourquoi pas nous ? », revendiquent les salariés.
Un message qui a trouvé écho auprès d’un client, même si celui-ci estime ne « pas avoir toujours le temps de se libérer en semaine. »
Généralisation ?
Pour David Morin, secrétaire général de l’Union départemental CGT, « cela ne répond à aucune nécessité. ça ne créera pas d’emploi et de toute façon le pouvoir d’achat n’augmente pas, les clients ne seront pas plus nombreux. Encore une fois, ce sont les salariés qui trinquent ». Autre crainte des manifestants : que l’ouverture le dimanche jusqu’à 13 h, comme l’autorise la loi Mallié depuis 2009, se généralise. « L’Atac de Sainte-Savine, le Carrefour Market de Troyes, l’Intermarché du boulevard de Dijon l’appliquent déjà. Pareil pour le Leader Price des Chartreux depuis deux mois. Ici, avec les rotations, c’est toutes les trois semaines qu’il faudra venir le dimanche, et peut-être plus à l’avenir… », s’inquiète Line Scapol.
Absent hier matin, le directeur, Jérôme Pinel, déclarait il y a quelques jours (l’Est-Eclair du 2 octobre) que cette disposition « est un choix pour rester compétitif vis-à-vis de nos concurrents et répondre à une demande des clients. » Deux employés à temps partiel ont ainsi été recrutés en renfort pour la fin de semaine. « Oui, mais une responsable a été mutée », précise Laurent Lemoult. À 11 h, le camp a été levé. Les salariés promettent de poursuivre la défense d’un autre modèle de société.