A Nice, les choses sont apparemment très claires : la pression des grandes enseignes n’a pas été pour rien dans la signature par le Préfet de l’arrêté d’ouverture dominicale, sous le régime de la zone touristique. Pour rappel, sous ce régime, les salariés sont tenus de travailler le dimanche, sans aucune obligation de compensation par les employeurs. Bénéficiaires principaux de cette opération, les grandes enseignes. Qui expliquent avec sincérité : « Si nous n’avons pas suffisamment de volontaires, nous ferons appel à des étudiants. ». Recourir à des emplois précaires est en effet, un moyen efficace pour faire pression sur les emplois normaux. Plus loin, ces grandes enseignes expliquent également que l’ouverture du dimanche, c’est « du chiffre d’affaires en plus, c’est aussi des taxes en plus pour la ville », soulignant ainsi que cette loi reste le lieu d’expression de collusions douteuses. |
Le préfet a signé hier l’arrêté autorisant l’ouverture dominicale des commerces toute l’année, mais seulement dans le périmètre touristique
C’est fait. L’arrêté est signé. Le préfet des Alpes-Maritimes a autorisé, hier, les commerces situés dans les zones touristiques de la ville à ouvrir le dimanche. Toute l’année, avec application immédiate. Sont élus les magasins de détail – hors alimentation – du Vieux-Nice, du port, du centre et de la Promenade des Anglais (voir infographie).
Cette mesure était attendue d’arrache-pied. Surtout par les grandes enseignes qui y voient un moyen de développer l’activité. Selon la théorie du « gagnant-gagnant », Didier Assyag, directeur de la Fnac, rappelle que « du chiffre d’affaires en plus, c’est aussi des taxes en plus pour la ville ».
Pourtant, le feu vert donné par le maire pour trois dimanches d’ouverture en août n’a pas bouleversé les habitudes du commerce niçois. « Nous n’avons pas eu le temps de nous organiser ni de communiquer », explique le patron de la Fnac qui n’a donc ouvert qu’une seule fois, cette participation ayant « valeur de symbole ».
S’il juge cet arrêté préfectoral « tardif, très tardif », Didier Assyag espère rattraper le temps perdu en décembre, les dimanches pouvant doper le bilan de Noël.
C’est également l’avis d’Alain Girard, qui dirige le Virgin Megastore situé de l’autre côté de l’avenue Jean-Médecin. Son expérience du mois d’août est positive : « Une bonne fréquentation en fin de matinée, puis à partir de 16 h, avec 50 % de locaux et 50 % de touristes. Pour une recette comparable à celle d’un jour férié, donc inférieure à ce que l’on voit en semaine. Mais c’est toujours du chiffre d’affaires additionnel. »
Encore des réserves
Philippe Desjardins préside la Fédération du commerce niçois et azuréen. Il doute que les indépendants soient nombreux à ouvrir le dimanche : « Nous sommes pour à 100 % mais les dés sont pipés. »
Il s’explique : « Cette mesure intéresse essentiellement les chaînes et les franchisés. Dans une petite boutique, comment demander à une employée qui est là depuis quinze ans si elle veut travailler le dimanche ? »
Jean-Michel Hervo, secrétaire départemental de la CFDT, se plie à la loi mais se dit vigilant : « Nous ferons en sorte que les salariés ne soient pas lésés. » Dans les zones touristiques, rien n’oblige le commerçant à majorer la rémunération d’un employé travaillant le dimanche. À la Fnac, on continue de doubler le salaire. Mais Didier Assyag le reconnaît : « Si nous n’avons pas suffisamment de volontaires, nous ferons appel à des étudiants. »