L’Etat prive de Puce les Champs-Elysées

Libération, Luc Peillon, 03/08/10

Travail . Le préfet de Paris a refusé l’application d’une loi très rémunératrice pour les salariés le dimanche.

A Paris, travailler plus le dimanche ne rapportera pas plus. Répondant à une demande de Bertrand Delanoë, maire de la capitale, la préfecture de Paris a refusé la transformation des actuelles «zones touristiques» commerciales en Puce (Périmètres urbains de consommation exceptionnelle), privant ainsi les salariés concernés d’une meilleure rémunération. Un refus venant du préfet, donc de l’Etat, qui s’oppose ainsi à l’application d’une loi pourtant votée à la demande insistante… du président de la République lui-même. Explications.

Volontariat. Plusieurs lois permettent aujourd’hui aux commerces d’ouvrir le dimanche. La dernière, celle d’août 2009, a même créé les fameux Puce, organisant le travail des salariés sur la base du volontariat tout en leur garantissant une rémunération double. Cette loi étant plus avantageuse que celle, antérieure, des «zones touristiques», «il nous a semblé normal de demander le régime le plus favorable pour les salariés»,explique le cabinet du maire. Et donc le reclassement des sept zones touristiques parisiennes, dont les Champs-Elysées, en Puce. Impossible, répond en substance le préfet, dans une lettre du 22 juillet queLibération s’est procurée, car la demande de la mairie «ne vise pas à proprement parler à la création d’un Puce […] mais à la transformation, au reclassement des zones touristiques existantes, ce qui n’est pas prévu par les dispositions légales». Un raisonnement juridique discutable, «qui maintient surtout les inégalités entre salariés, suivant qu’ils travaillent le dimanche dans une zone touristique ou au sein d’un Puce», estime la mairie de Paris. La décision préfectorale fait aussi hurler le syndicat CFTC, dont le secrétaire général adjoint, Joseph Thouvenel, dénonce«l’incapacité de l’Etat à tenir ses promesses». Le fruit, également, d’un lobbying des commerçants des Champs-Elysées, selon la CFTC, «qui sont soit pingres, soit en proie à des difficultés financières».

Régime. Exit donc, pour tous ces salariés, le travail sur la base du volontariat et la rémunération double évoqués lors des débats parlementaires. La loi d’août 2009 a même étendu le régime des zones touristiques aux autres commerces que les seuls établissements culturels. Même le dimanche, le travailler plus pour gagner plus a décidément du mal à devenir réalité.

 

Laisser un commentaire