Le travail de nuit n’a qu’un rapport indirect avec le travail du dimanche, mais l’article ci-dessous est intéressant à deux titres. D’une part, il est en cohérence avec les études européennes qui ont noté le lien de causalité entre travail du dimanche et problèmes de santé chez les salariés. D’autre part et de manière incidente, il fait mention de quelques 3,6 millions de salariés déjà touchés par le travail de nuit. On s’en souvient, le nombre de salariés relativement important déjà touchés par le travail du dimanche avait été utilisé comme argument par les contempteurs du travail dominical pour dire que le travail du dimanche étant déjà une réalité, il était sans importance qu’un peu plus de personnes travaillent le dimanche. Le lien entre l’excès de travail et les problèmes de santé rend cet argument d’un particulier cynisme : c’est bien vers une diminution du nombre de personnes concernées par le travail du dimanche, le travail de nuit, ou les horaires décalés, qu’un gouvernement soucieux des salariés devrait tendre. |
Les échos – Août 2010
Le travail de nuit concerne de plus en plus de personnes et n’est pas sans conséquence sur leur santé. C’est ce qui ressort d’un rapport adopté en juillet par le Conseil économique, social et environnemental. Juridiquement, le travail de nuit s’étend de 21 heures à 6 heures du matin, avec des variations en fonction du secteur, des accords existants et de l’âge des salariés.
Le rapport rédigé par François Edouard (Unaf) s’appuie, lui, sur la définition statistique (Insee, Dares), à savoir un « travail effectué, même partiellement, dans la tranche minuit-5 heures ». Et il présente des données nouvelles (le précédent rapport de la Dares datait de 2005).
En 1991, 13 % des salariés travaillaient de façon occasionnelle ou habituelle entre minuit et 5 heures du matin. Ils sont 15,4 % en 2008, soit 3,6 millions de salariés. On recense également 570.000 travailleurs de nuit non salariés. Soit plus de 4 millions de personnes au total. Autre fait notable : le travail de nuit « habituel » progresse plus vite que le travail « occasionnel » : 7,5 % des salariés travaillent désormais habituellement la nuit, contre 3,9 % en 1998. Cette augmentation a été marquée pour les femmes entre 2002 et 2008 : sur l’ensemble des Françaises, 4,3 % travaillent habituellement de nuit. Elles n’étaient que 2,7 % en 2002.
Majoration du salaire
Principaux secteurs concernés : les transports, les industries agricoles et l’énergie. Et le phénomène gagne du terrain dans l’automobile, les biens de consommation et les biens d’équipement. « Les hommes travaillant habituellement la nuit se trouvent parmi les ouvriers de l’industrie, les policiers, les militaires et les chauffeurs », souligne le rapport. Les femmes concernées sont surtout les infirmières, les aides-soignantes, les sages-femmes, etc.
Les jeunes générations considèrent les horaires atypiques, dont le travail de nuit, comme une « modalité relativement normale d’organisation du temps de travail », en raison de la plus grande disponibilité qu’elle offre pendant la journée. La majoration du salaire, qui peut représenter 20 % à 30 %, est un avantage conséquent. Toutefois, en dehors de ces avantages, le travail nocturne est plutôt nocif. La plupart du temps, plus qu’une facilitation, il constitue un frein à la vie sociale et familiale, en particulier lorsqu’il se conjugue avec des horaires variables, du travail en fin de semaine ou en soirée. Ce qui est de plus en plus fréquent : 72 % des travailleurs nocturnes travaillent aussi le dimanche.
Il peut également entraîner des problèmes de santé, à moyen comme à long terme : fatigue, troubles du sommeil et de la digestion, risque de pathologie dépressive et cardio-vasculaire. Les partenaires sociaux désignent d’ailleurs le travail de nuit comme facteur de pénibilité. Pour les syndicats, cela devrait donner droit à une retraite anticipée. Ce n’est pour l’heure pas prévu dans la réforme des retraites.