La Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP) ne désarme pas sur le travail du dimanche. Ses dirigeants sont en consultation avec leurs avocats pour loger des actions en Cour suprême afin que ce jour de repos soit respecté.
«Nous lutterons jusqu’au bout». Le président de la CTSP, Reeaz Chuttoo, laisse entendre sa détermination à contrer la clause 14(5) de l’Employment Rights Act, qui fait obligation à tout salarié de travailler deux dimanches par mois. Il estime que ce jour de repos doit être respecté.
Outre la bataille sur le plan légal, les dirigeants de cette confédération syndicale continueront à dénoncer l’État mauricien devant les instances internationales. Ils comptent faire voter des résolutions, demandant au gouvernement de revenir sur sa décision.
La CTSP a déjà alerté l’International Chemical Energy and Mining Federation, qui compte plus de 20 millions de membres dans 183 pays.Elle a aussi alerté la Building & Wood Workers International Federation, présente dans 194 pays et qui compte 18 millions de membres. Il a également fait état d’une plainte logée par un groupe de travailleurs, devant les autorités compétentes, pour contester le travail obligatoire le dimanche.
Reeaz Chuttoo estime que suite aux recommandations du Bureau International du Travail, après la plainte logée devant cette instance par sa confédération syndicale, le gouvernement mauricien n’a d’autre choix que de revoir cette clause de l’Employment Rights Act.
Toutefois, le syndicaliste dit vouloir donner la chance au dialogue. D’où la rencontre prévue à cet effet pour début août avec le ministre du Travail, des Relations industrielles et de l’Emploi. «Je souhaite sincèrement que tout soit réglé dans un esprit de dialogue», indique-t-il.
Comment expliquer la démarche du syndicaliste ? «Un salarié a droit à un jour de congé qui lui permettra de s’épanouir tant sur le plan social que familial. Le seul jour où il peut disposer de loisirs, c’est le dimanche, car c’est un jour férié. Il ne pourra jouir pleinement de sa vie sociale et parentale, s’il a un jour de congé en semaine…»
Reeaz Chuttoo évoque une contradic tion entre la politique gouvernementale – qui appelle à la responsabilité parentale dans son combat contre la délinquance juvénile – et la décision de faire du dimanche un jour de travail comme un autre. «C’est le seul jour où un travailleur peut se consacrer pleinement à ses enfants », fait-il remarquer. «Le gouvernement n’a pas le droit moral de détruire la vie familiale au nom de l’économie.» Le syndicaliste reconnaît toutefois que les services essentiels doivent fonctionner les dimanches et les jours fériés. «We have no quarrel on it», a-t-il soutenu. “Il est regrettable cependant que la législation ne définisse pas le ‘travail essentiel’. Nous souhaitons que le gouvernement apporte une définition qui fasse une distinction claire et nette entre le travail essentiel et non essentiel.»
Concernant les employés qui ouvrent dans les secteurs essentiels, Reeaz Chuttoo souhaite qu’il y ait un régime spécial établi à leur intention. «À cet effet, nous souhaitons que ces employés bénéficient de plus de congés qui leur permettront de profiter d’une vie sociale et familiale.»
Le président de la CTSP reconnaît également que dans certains cas, des employés travaillant pour des secteurs non essentiels sont appelés à travailler un dimanche. «Cela devrait être une exception et non la règle commune .»
«De plus, les travailleurs devraient bénéficier du double de leur salaire normal s’ils travaillent un dimanche. Or, il existe actuellement un fort lobby au sein du patronat, pour faire du dimanche un jour de travail normal et non plus un jour férié.»
Reeaz Chuttoo avance que si le gouvernement cède à cette pression, les travailleurs ne bénéficieront plus du double de leur salaire s’ils travaillent un dimanche.
Le syndicaliste cite, par exemple, une plainte logée devant les autorités. Elle concerne le patron d’une agence de voyages qui a proposé à ses employés un horaire de 9 heures de travail étalé sur cinq jours, suivi d’un jour de repos, mais avec obligation de travailler tous les dimanches !
Mario Boutia