C’est une coalition étonnante de chefs d’entreprises et de représentants de salariés …
qui s’est retrouvée, hier, autour de Jean Papillon, ancien commerçant roubaisien et représentant de la confédération des commerçants de France, pour dénoncer l’ouverture des magasins de l’Usine et de McArthurGlen dix dimanches par an, dans le cadre d’un PUCE (périmètre d’usage de consommation exceptionnel). « Ce qui se passe sur Roubaix est déplorable.
» Tel était le message.
Les arguments des opposants à l’ouverture dominicale sont désormais bien connus. Pour les commerçants, ouvrir le dimanche, c’est « un non-sens économique, dépenser inutilement des charges excessives », souligne Alain Flipo, président de la commission commerce à la Chambre de commerce et d’industrie Grand Lille. « Ce qu’on vend le dimanche, on ne le vend pas la semaine. »
« Le maire doit retirer sa décision »
Du côté des salariés, on dénonce un travail du dimanche synonyme de « destruction de la vie familiale, mais aussi culturelle et des loisirs, pour Valérie Pringuez, secrétaire fédérale de la CGT commerce et services. Il y a aussi la problématique du volontariat.
» « Le volontariat n’existe pas », estime Françoise Nicoletta de Force Ouvrière. En filigrane, cette question : « Quelle société veut-on, demain ? Est-ce qu’on veut une société de citoyens uniquement consommateurs ou veut-on une société de citoyens qui pourront se réunir, vivre ensemble ? » Patrons de petits commerces et syndicats de salariés sont donc d’accord sur l’objectif : il faut en finir avec les PUCE, dont celui de Roubaix. La question est désormais : comment cette coalition peut-elle s’y prendre ?
Petit rappel : l’ouverture dix dimanches par an à Roubaix est possible grâce à la loi, grâce à un arrêté préfectoral et grâce à une délibération votée en conseil municipal. Faire changer d’avis le maire semble le moyen le plus simple, pour les opposants, de faire sauter ce PUCE.
« Le maire de Roubaix doit retirer sa décision, plaide Alain Flipo. Aujourd’hui, ce qui se prépare est déstructurant. Il n’existe pas de marché qui nous mette en péril à la frontière. » Le socialiste Francis Palombi a d’ailleurs rappelé que le PS était contre les PUCE. « Nous sommes hostiles à cette prolifération. Cette dissonance à Roubaix est profondément regrettable. » La CGT, pour sa part, entend obtenir satisfaction « par le rapport de force et par la lutte ». Dimanche, le syndicat appelle les salariés de McArthurGlen à la grève. Les militants seront également présents sur place. La CFDT va se joindre à eux. Objectif : faire comprendre aux consommateurs quelles sont les conséquences de leur shopping du dimanche.
Car, in fine, ce sera à l’aune de la fréquentation des centres commerciaux le dimanche que l’on mesurera la légitimité des PUCE. Et dimanche dernier, à l’Usine, on ne se bousculait pas dans les allées..