La loi les autorise à ouvrir le dimanche jusqu’à 13 heures. Or, à Paris, et même en province, de plus en plus de petites surfaces ouvrent toute la journée. Les consommateurs apprécient.
A Paris, et depuis peu en Province, de plus en plus de supérettes bravent l’interdiction d’ouvrir le dimanche après-midi (la loi Maillé de 2009 l’autorise jusqu’à 13 heures). « Depuis novembre, le phénomène prend de l’ampleur », s’alarme Eric Scherrer, délégué de la CFTC, pour qui cette dérive aggrave la situation de personnels déjà sous pression.
« Dans l’alimentaire, les salaires sont très bas et il n’y a aucune compensation financière pour ce travail dominical. »
Riposte judiciaire
Entre 12 000 et 15 000 commerces sont désormais ouverts dans la capitale le dimanche toute la journée, soit un sur cinq. Et une majorité le serait dans l’alimentaire. « La loi Maillé a ouvert une brèche. En fait, l’ouverture dominicale n’est possible que dans les zones touristiques et pour certains types de commerces comme les loisirs. Sauf que personne n’y comprend rien. La grande distribution alimentaire joue sur les flous de ce texte », dénonce Lyne Cohen-Solal, l’adjointe de Bertrand Delanoë en charge du commerce. Qui redoute la contagion. Aucune grande enseigne (Carrefour, Monoprix, Casino…), pourtant, n’assume. Interrogé, le groupe Carrefour (Carrefour City, Shopi, 8 à Huit, Proxi…) renvoie sur les franchisés.
«La totalité de nos enseignes de proximité sont des franchisés. S’ils ouvrent le dimanche toute la journée, c’est qu’ils doivent bénéficier d’un arrêté municipal les autorisant à le faire. » Echo inverse auprès d’un directeur de magasin. « On applique la stratégie de nos états-majors. En haut, la consigne est claire : mieux vaut payer une amende que de laisser des clients à la concurrence. » Face à cette dérive, les syndicats (CFDT, CGT, FO, CFTC et SUD) veulent faire front commun et envisagent une riposte judiciaire. Pour l’instant, ce sont les épiciers indépendants, touchés de plein fouet par la concurrence des supérettes, qui mènent la bataille devant les tribunaux. L’inspection du travail aussi : en 2009, il n’y a eu que 30 procès-verbaux pour cette infraction à Paris.