Quand l’UMP annonce vouloir « reprendre la main sur les questions de société », le citoyen a de quoi prendre peur, tant il paraît difficile d’imaginer que ce docile bulldozer puisse se mettre à réfléchir avec quelque finesse ! Le second obstacle rencontré, lorsque l’UMP déclare vouloir « assumer ses convictions », c’est justement qu’il est bien difficile de donner un contour aux « convictions » de l’UMP, dont la plus grande part est déterminée par des impératifs temporaires, qu’ils soient ceux des élections, du marché global, des amitiés particulières ou du château. On a vu avec quel empressement les députés UMP « de conviction », opposés à la loi Maillé, l’avaient finalement votée. Après avoir imposé un débat important sur l’identite nationale, verra-t-on l’UMP proposer à ses membres un débat sur l’identité du parti, de GayLib à Villiers ?! |
Les députés UMP réfléchissent « très largement », « sur le fond », « sans langue de bois ». C’est le message que s’est appliqué à faire passer Jean-François Copé, le président du groupe majoritaire à l’Assemblée, qui avait organisé, hier, un colloque sur les questions de société auquel participaient bon nombre d’experts. « Sur tous ces sujets, il faut qu’on y aille vraiment à fond […]. On doit pouvoir assumer nos convictions », a insisté l’ancien ministre du Budget. Manière, pour l’intéressé, de se positionner sur des questions qui lui permettent d’épaissir son profil de présidentiable. La décision a été prise de mettre sur pied un « groupe de travail permanent » sur ces sujets. « D’ici à la fin de l’année, on aura pris des initiatives sur l’éthique du numérique », a promis Hervé Mariton, le député de la Drôme. L’élu, auteur d’un rapport du groupe UMP qui appelait, en juillet, à « reprendre la main » sur les questions de société, compte publier un livre « à l’automne ».
Une image rétrograde
Car, sur ce front-là, la droite a encore fort à faire pour apparaître décomplexée. Onze ans après son vote contre la création du pacs, qui avait donné d’elle une image rétrograde, elle apparaît toujours mal à l’aise, écartelée entre les sensibilités qui la composent et soucieuse de ne pas brusquer son électorat. En témoignent les clivages qui ont traversé ses rangs l’an dernier lors de l’examen du texte sur l’extension du travail dominical*, sa prudence sur les lois bioéthiques (notamment sur la « gestation pour autrui ») ou ses efforts pour amoindrir les propositions de la ministre de la Famille, Nadine Morano, sur la réforme de l’autorité parentale. Hier, les organisateurs du colloque en étaient d’ailleurs réduits à s’interroger sur le fait de savoir si le législateur a « son mot à dire » sur la famille. Le seul fait de mettre « ça sur la table » a suscité chez la députée Françoise de Panafieu la crainte d’une « accoutumance » qui la conduirait à accepter demain « un cap » qu’elle refuse aujourd’hui de franchir.
« Il y a encore du boulot. », a reconnu Hervé Mariton, qui veut toutefois se réjouir de « l’intérêt que suscitent ces questions extrêmement difficiles ». Pour la majorité, a glissé Jean Leonetti, le rapporteur de la mission parlementaire sur les futures lois bioéthiques, « rien ne serait pire que l’inaction ».
P. F., Les Echos
*Et aussi :
[…] Cela s’est notamment vu lors de la discussion sur le travail du dimanche. M. Sarkozy a eu le plus grand mal à convaincre sa majorité d’adhérer à ce qu’il présente comme un un mode de vie à l’anglo-saxonne. Sur l’utilisation d’Internet, lors du projet de loi contre le piratage, plusieurs députés de l’UMP se sont opposés à la position du gouvernement, jugeant qu’elle allait à l’encontre d’« un mouvement irréversible ».[…] Le Monde, 18/2/10