4/11/09
Christian Decocq est la personnalité de Lille qui s’oppose à Martine Aubry pour la municipalité de Lille. Eloigné des affaires de la ville pendant longtemps, il a choisi d’illustrer son retour en demandant au Maire l’ouverture d’un référendum sur le travail dominical. Prenant son inspiration dans les argumentaires de l’UMP, iil vient de lui écrire une longue lettre en ce sens (voir le lien « Lire la suite »). L’article de la Voix du Nord ci-dessous, nous situe le contexte. |
Lille : Christian Decocq de retour sonne la fin des amabilités
mardi 06.10.2009, 05:02 – PAR SÉBASTIEN BERGÈS
CONSEIL MUNICIPAL
C’était l’une des questions de ce premier conseil depuis la démission de Sébastien Huyghe, cet été : quelle attitude serait celle de Christian Decocq pour son come-back ? (Sébastien Huyghe a rejoint le MODEM, ndlr cad)
S’il fallait un symbole que quelque chose a changé dans l’opposition, ce serait celui-là. Non, pas le bouc de Christian Decocq. Plutôt cette voix qui s’est élevée à deux reprises, dans une salle qui n’y était guère habituée. Celle de l’eurodéputée Tokia Saïfi. Comme un gong : opposition, round deux.
Car depuis la démission de Sébastien Huyghe cet été, « le jour de mon anniversaire », s’est faussement étonnée Martine Aubry, l’Union pour Lille a retrouvé son ancien capitaine. Un Christian Decocq en retrait depuis le début du mandat, drapé dans le kimono du vieux sage taiseux, dont Martine Aubry prenait un malin plaisir à saluer les parcimonieuses interventions. Les amabilités, l’étiquette allaient-elles survivre au retour de Christian Decocq sur le devant de la scène ? Le conseil d’hier devait en donner les premiers éléments de réponse. La motion contre la privatisation de la Poste lui a offert l’occasion de donner le ton. Opposition, saison 2.
Un tacle à Frédéric Lambin et à ses « circonvolutions » (« ça ne m’étonne pas du MoDem »), un trait sur les « contradictions » entre socialistes et Verts, et voilà Christian Decocq échauffé. Dans son match. « Je ne vais pas me priver de faire de la politique nationale, jubile celui que les électeurs ont privé d’hémicycle aux dernières législatives. La vérité, c’est que vous n’êtes pas pour les réformes, mais pour le statu quo. Vous courez depuis des années derrière le petit facteur révolutionnaire. Vous ne le rattraperez pas, mais vous êtes devenus la première force conservatrice du pays. » Ça, c’est fait.
Au cas où on n’aurait pas saisi que le patron avait repris les commandes, le même revient à la charge quelques minutes plus tard, sur le travail du dimanche. Il veut un débat en conseil suivi d’un vote. La maire refuse. Lui : « Vous souhaitez, ce soir, par deux ou trois interventions bien senties, faire croire que le débat est clos. » Elle : « Nous ne voulons pas de PUCE (Périmètre d’usage de consommation exceptionnelle, qui autorise le travail du dimanche). On nous l’impose parce qu’on est de gauche ! » Decocq explose, son micro est éteint mais sa voix porte, « Lille en portera les stigmates pendant des années et des années ! » Martine Aubry ironise : « C’est votre retour, on vous a entendu, c’est parfait. » Le timbre est apaisé pourtant lorsque Christian Decocq réaffirme le soutien, vigilant certes, de son groupe au Plan bleu. Opiniâtre mais nuancée, combative mais responsable, l’opposition telle qu’il la remet sur des rails sait changer de pied. Et en tirer sa crédibilité. Changement d’ère ? Voire. Bouffée d’air ? Sans aucun doute.
« LE TRAVAIL DOMINICAL » : Lettre à MARTINE AUBRYde Christian DECOCQ
Depuis plus de 11 ans, je ne cesse de réclamer, au sein du Conseil Municipal, un débat approfondi et argumenté sur la question du repos dominical et sur l’ouverture des commerces le dimanche.
En effet, la longue et profonde mutation de notreVille que nous connaissons depuis 25 ans provient de décisions publiques et d’investissement privés entremêlés.
Parmi ceux-ci, au cours de ces dernières années, l’équipement haut degamme de l’hyper-centre, le développement d’Euralille, la reconnaissance de ville touristique et la réalisation d’un Casino furent des décisions qui auraientdû entraîner la question de l’ouverture du dimanche.A
insi, doit se poser cette question en termes d’accompagnement du développement, et de cohérence des investissements publics, plus qu’entermes métaphysiques ou idéologiques, et encore moins en termes partisans.
Dès le Conseil Municipal du 29 juin 1998, j’interviens pour engager le débat dans cet état d’esprit, rejoint d’ailleurs par le Maire de cette époque, Pierre Mauroy, qui fidèle à son pragmatisme, me répond en ces termes « …j’ai toujours dit que c’était une décision à laquelle on n’échapperait pas…Quand on voit les nouveaux magasins qui vont s’installer dans les rues piétonnes, cela va devenir incroyable que ce ne soit pas ouvert le dimanche ! Il y a ceux qui poussent… et puis il y a ceux qui souhaitent le statu quo. Mais Lille ne se développera pas avec le statu quo »
J’y reviens le 9 juillet 1999, un an après, lors d’un débat sur le « PLA commerce ». Je publie encore une tribune dans le Journal de Lille en novembre 2001, appelant à un référendum local.
J’y reviens encore le 8 octobre 2007, toujours dans le débat sur le « PLA commerce » qui n’a pas osé s’emparer de cette question.Et voilà que le 24 novembre 2008, sur une question aussi complexe, aussiriche d’arguments pour ou contre, vous prétendez fermer le ban par une *motion lapidaire inspirée de considérations philosophiques et sociétales en déclarant, je vous cite : « Nous refusons cette vision de la vie en société qui se résume à la consommation et à l’acquisition de biens matériels allant de pair avec la régression des valeurs collectives ».
C’est désormais d’ailleurs le choix de votre vision idéaliste de l’action publique qui, la veille de votre rentrée politique à La Rochelle, vous fait écrire unelongue tribune dans un grand quotidien du soir appelant à une « offensive de civilisation » (je cite) dans laquelle vous citez expressément votre « combat contre le travail du dimanche ».
Madame le Maire, je ne m’inscris pas dans cette vision, dont je ne vois pas la traduction dans votre action politique municipale, en dépit de vos affirmations sur votre inspiration lilloise.
Mais, puisque vous écrivez toujours dans la même tribune que « Réinventer la démocratie, c’est entendre la parole des concitoyens », alors je vous propose de saisir l’occasion de la loi du 10 août 2009 sur le repos dominical pour écouter les citoyens et leurs élus
!
En effet, cette loi consiste à refonder le repos dominical comme valeur, et à supprimer les innombrables dérogations diverses (plus de 180) au profit d’une clarification concertée entre Collectivités, Employeurs et Salariés.
Le Législateur a voulu garantir un principe, moderniser notre économie, décentraliser la décision ultime par la consultation obligatoire des communes.
Aujourd’hui, il appartient donc à notre Commune de décider ou non de demander au Préfet l’instauration d’un Périmètre d’Usage de Consommation Exceptionnel, fondement légal aux autorisations préfectorales nécessaires.
Au nom de la liberté de choisir qui est le ressort de cette loi, au nom de la démocratie locale, je n’ose imaginer que vous en resterez à cette motion d’esquive du débat du 24 novembre 2008. C’est pourquoi, j’ai l’honneur de vous demander, au nom du groupe des élus de L’Union Pour Lille :
– 1° de saisir le conseil Communal de Concertation à l’effet d’approfondir sa réflexion mesurée, mais déjà vieille de 7 ans, puisque datant du 1 juin 2002.
– 2° d’organiser un débat délibératif au sein du Conseil Municipal permettant ou non de demander au Préfet l’élaboration d’un P.U.C.E.
– 3° de faire ratifier, au moyen d’un référendum local, la délibération en Conseil municipal, par tous les Lillois.Ainsi, vous renouerez avec une démocratie active autour d’une question vitale pour le développement de Lille, comme l’avait si bien compris Pierre Mauroy, car c’est bien de cela, et seulement de cela, dont vous êtes comptable devant notre histoire lilloise.