Chez Auchan, derrière les paillettes et les slogans commerciaux, un univers impotoyable. C’est ainsi que la chaine entend contraindre les magasins franchisés d’Auchan la Couronne à ouvrir pendant le we de la Toussaint. En face, un couple de bijoutiers a décidé de ne pas se laisser impressionner par Goliath… |
OUVERTURE LE DIMANCHE DE LA TOUSSAINT. Les bijoutiers Frédéric et Isabelle Jouot refusent d’ouvrir leur magasin dimanche
L’affaire risque de faire du bruit et de relancer le débat sur le travail dominical. Dimanche prochain, week-end de la Toussaint, le centre commercial Auchan La Couronne a décidé d’ouvrir ses portes et a demandé avec insistance à tous les commerçants présents dans la galerie de suivre le mouvement. « Ce sera sans nous », confient les bijoutiers Frédéric et Isabelle Jouot qui ont ouvert un magasin avec la marque Swarovski comme support en 2008.
En prenant cette décision, ils savent qu’ils risquent des sanctions. « On nous a dit qu’il fallait qu’on ouvre parce que c’était inscrit dans notre bail. Mais s’il était aussi inscrit qu’il fallait se jeter à l’eau du pont de Saint-Cybard, je ne le ferais pas non plus », ironise Frédéric Jouot qui sur cette question entend bien ne pas déroger à ses principes. Lui et son épouse sont formellement contre l’ouverture dominicale à cette période de l’année.
« J’ai un petit garçon et mes trois salariées ont aussi des enfants. Le repos du dimanche, c’est aussi fait pour pouvoir en profiter. Je ne veux pas sacrifier ça. Il y a tout de même certaines valeurs à conserver. Celle du travail d’accord, mais il ne faut pas oublier la famille », insiste le bijoutier qui fait en même temps remarquer qu’ouvrir le dimanche de la Toussaint ne rime à rien.
« On sait par avance que nous n’aurons pas grand monde. En revanche, nous serons ouverts pendant les fêtes de Noël. Ça me paraît plus logique. Si on commence à ouvrir à d’autres moments, c’est la porte ouverte à tout et n’importe quoi », ajoute t-il. Les rapports avec la direction d’Auchan risquent donc de se tendre un peu.
Les commerçants ont le soutien de leurs salariées. Alexandra, 34 ans et deux enfants, trouve que de toute façon ouvrir ce dimanche-là est un manque de respect pour les défunts et leurs parents. « Moi aussi j’ai de la famille qui repose en paix et je veux en profiter pour aller fleurir leurs tombes », confie-t-elle en remerciant Isabelle et Frédéric Jouot.
Une invitation à la balade
L’initiative d’Auchan alimente en tout cas les discussions chez les commerçants et les vendeurs de la galerie. « Beaucoup sont contre, mais ils sont franchisés et sont obligés de répondre présent », assure Alexandra. En s’opposant ainsi, Frédéric Jouot sait qu’il ne va pas se faire que des amis. L’intéressé s’en moque.
Quant aux éventuels clients qui seraient mécontents de voir sa bijouterie fermée dimanche prochain, il affirme que « ce seraient les premiers à râler si on les faisait travailler ce jour-là ».
De toute façon, il ne comprend pas qu’on puisse passer une bonne partie de cette journée dominicale dans un centre commercial. « J’invite plutôt les gens à aller se promener en famille dans la forêt. » Rappelons qu’il est désormais prévu par la loi d’ouvrir le dimanche dans les zones touristiques et thermales et dans les unités urbaines de plus d’un million d’habitants. Dans les autres zones, le travail du dimanche se fait sur la base du volontariat et des contreparties sont prévues.
« On ne veut pas que nos employées aient des vies de chien et nous non plus. On se battra pour que ça n’arrive pas », prévient Isabelle Jouot. Le dimanche de la Toussaint à Auchan, ce sera donc sans eux.