Au royaume de France, bourgeois, représentants des parlements et marchands du temple s’accoquinèrent pour faire trimer le bon peuple le 7ème jour. Pour cela, ils firent tant de promesses, usèrent de tant de manœuvres, nièrent tellement la réalité que l’édit issu des parlements ressemblait plus à un rébus qu’à un mandement organisant repos et commerce dans le royaume.
Qu’on en juge : dans les grands fiefs on affirmait que les manants ne trimeraient le 7ème jour que si il leur en convenait et que le bourgeois qui assignerait le dimanche devrait leur verser deux fois plus d’écus qu’à l’habitude. (Deux fois pas grand-chose, n’ayant de toute façon jamais fait une fortune).
Pour le reste du Royaume, des marches de Flandres aux côtes du levant, en passant par les îles et possessions d’au-delà des mers, tout croquant sommé d’abandonner famille, compagnons et livres pieux pour commercer au profit du bourgeois, devrait se soumettre, faute de quoi il pourrait être réduit à famine. Et point de versement double d’écus pour ces manants malchanceux.
Les représentants des guildes et corporations trouvèrent fort fâcheuse cette iniquité de traitement et en référèrent au Grand Conseil du Royaume.
Que croyez-vous qu’il advint ?
Les sages au grand âge, répondirent que pour la capitale du Royaume, le prévôt devait, comme dans les autres cités du pays avoir le pouvoir d’ordonner aux gens d’oeuvrer le 7èmejour, sans quoi il y aurait ségrégation.
Pour les croquants : qu’ils soient obligés de se rendre à la corvée du dimanche, sans gratification particulière si leur bourgeois les fait œuvrer d’un côté du chemin, ou qu’ils aient l’illusion de choisir leur subordination du 7ème jour en touchant double d’écus si leur tâche est de l’autre côté du chemin, le Conseil ne trouva rien à redire.
Il est vrai que dans ce Royaume, « égalité » n’est pas gravée aux frontons des riches demeures bourgeoises.
Joseph THOUVENEL