Travail du dimanche : la droite plastronne

L’Humanité, 10 août 2009 – Jean-Paul Piérot

Exploitation . Après la validation de la loi, l’UMP bavarde plus sur le travail dominical que sur les bonus. Novelli se moque : il y aura des crèches pour garder les petits.

La validation de la loi autorisant le travail dominical par le Conseil constitutionnel ayant été communiquée jeudi soir, le gouvernement est pressé de la voir mise en oeuvre. À en croire Xavier Darcos, le travail du dimanche devrait être opérationnel dès la fin de septembre. Contrairement à certaines lois qui tardent tant à entrer en application dans l’attente des décrets d’application du gouvernement, le texte Sarkozy, auquel l’obscur député des Bouches-du-Rhône, Richard Maillé, a prêté son nom (gageons qu’il ne passera pas à la postérité), ne souffrira pas de retard, assure Darcos. Dès sa parution au Journal officiel, certaines dispositions seront « d’application immédiate ».

Discriminations

Le Conseil constitutionnel, auprès duquel la gauche parlementaire avait formé un recours, n’a donc pas trouvé à redire aux discriminations que ce texte contient, selon que le travailleur est employé dans une zone touristique ou dans une grande métropole, discriminations en matière de « liberté de choix » et en matière de rémunération. Dommage que ces dimensions concrètes de la loi sur la vie réelle des salarié(e)s du commerce et des services aient échappé aux neuf « sages ». Une fois de plus, le Conseil constitutionnel aura donc raté un rendez-vous avec l’équité sociale. Tout jute a-t-il censuré l’intégration arbitraire de Paris dans les catégories d’exception. Il reviendra donc au maire de la capitale de prendre les décisions de classer tel ou tel secteur comme « zone touristique » avec travail dominical obligatoire. Mais compte tenu des déclarations de Bertrand Delanoë et de la position de principe des partis de la majorité municipale, ce qui vaut engagement, Paris devrait, en toute logique, continuer à respecter le droit au repos dominical.

En dépit des controverses qui ont secoué l’ensemble du monde des élus, y compris dans les rangs de l’UMP, et qui se sont traduites par une majorité restreinte pour l’adoption définitive du texte, nous eûmes droit ce week-end aux communiqués de triomphe d’une droite plus encline à faire trimer les travailleurs le dimanche qu’à « moraliser » les captations éhontées de plus-values sous forme de bonus. Pince-sans-rire, Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, a salué « une nouvelle liberté ». Pour qui ? Toute la question est là. Certainement pas pour le candidat à un emploi qui souhaiterait concilier le travail et le désir de conserver une journée où la famille se retrouve… L’UMP rappelle fort à propos que cette loi était un « engagement essentiel » du président de la République et qualifie l’attachement au droit du travail, le caractère du dimanche, qui sont contenus dans l’opposition des élus de gauche, de débat « stérile et passéiste ».

La palme du cynisme

Enfin, la palme du cynisme revient à Hervé Novelli. Le ministre, qui était interrogé sur France Inter sur les difficultés des familles à faire garder les enfants si les deux parents travaillent le dimanche, n’a pas manqué d’aplomb (à faire sursauter l’auditeur) en affirmant que les entreprises disposeraient de crèches, où l’on déposera le nourrisson le matin… Affirmer de telles énormités au nom d’un gouvernement qui supprime par dizaines de milliers les postes dans les services, c’est plus fort que Marie-Antoinette qui conseillait aux pauvres privés de pain de manger de la brioche…(ce qu’elle n’a d’ailleurs jamais fait, ndlr)

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