AFP/MARTIN BUREAU La loi Maillé étendant les possibilités de travail dominical est entrée partiellement en vigueur dimanche 16 août. |
Le Monde, 17/08/09 – Amélie Poisson
Dimanche 16 août, devant la boutique Zara des Champs-Elysées, deux adolescentes venues de Nouvelle-Zélande affichent une mine déconfite. Malgré l’entrée en vigueur partielle de la loi Maillé étendant les possibilités de travail dominical, le magasin de vêtements est fermé. « Nous ne sommes là que deux jours, cela aurait été super de pouvoir faire les boutiques aujourd’hui », se lamente Lesley, l’une des deux vacancières.
Les Champs-Elysées, souvent cités en exemple par Nicolas Sarkozy, sont devenus l’emblème de la bataille du dimanche. Au premier jour d’application de la loi, rien de changé ou si peu. Les commerces qui bénéficiaient déjà d’une dérogation sont ouverts. « Nous avions demandé l’autorisation spéciale d’ouvrir le dimanche pour la période du 13 mai au 13 septembre, le seul changement pour nous, c’est que désormais on peut se passer de cette dérogation », explique Marina Pvorskaya, vendeuse à la bijouterie Comptoir de Paris.
Dans la galerie marchande du Claridge, les boutiques sont allumées, comme chaque dimanche, « les magasins préféraient payer l’amende plutôt que de fermer 52 dimanches dans l’année », avance le gérant du magasin Fourrure du Claridge.
La vraie nouveauté de la loi concerne les boutiques de prêt-à- porter. Classées en « zone touristique » comme sept autres lieux de Paris, elles sont désormais autorisées à ouvrir au même titre que les enseignes récréatives et culturelles. Lacoste, Vuitton, Lancel ont ouvert mais Gap, Célio ou Benetton ont gardé portes closes. Faute de temps, peut-être. « Nous avons eu un retour dans la semaine du comité des Champs-Elysées nous informant de la publication de la loi au Journal officiel. La décision d’ouvrir a dû être prise rapidement », explique un responsable de Lacoste.
Cinq jours pour se retourner, c’est court ; d’autant que beaucoup de modalités restent encore à discuter. « Les conditions salariales du travail le dimanche doivent faire l’objet de négociations à la rentrée », précise-t-il en déclarant s’être porté volontaire, car « en travaillant le dimanche, nous sommes rémunérés sur la base d’un jour férié et nous avons un jour de récupération ».
Les salariés interrogés restent discrets. Certains préfèrent parler sous couvert d’anonymat comme ce salarié de Louis Vuitton, en CDD depuis un mois. « Lors de l’entretien d’embauche, on m’a demandé si j’acceptais de travailler le dimanche. Dans la mesure où la réponse conditionne, de fait, notre embauche, c’est un volontariat tout relatif », explique le jeune homme, dont la rémunération double en travaillant ce jour-là.
« MOTIVÉS »
Dehors, les touristes font la queue. Un peu plus loin, ils entrent chez Lancel. « C’est une très bonne journée. Tous les employés sont motivés », s’extasie le responsable de la boutique de maroquinerie, qui refuse toutefois d’évoquer les conditions de travail. « Toutes ces questions seront portées à l’ordre du jour dès la rentrée, en collaboration avec le comité d’entreprise », poursuit-il.
Sur les Champs-Elysées, les syndicats sont restés discrets. En revanche, samedi, la fédération CFDT-Commerce a tenu un piquet de grève devant le BHV. Une façon de signifier au maire de Paris, habilité à décider le classement en zone touristique, que les Champs-Elysées devaient rester l’exception.