Selon un récent sondage (1), les Français sont à 63 % favorables à l’ouverture des magasins le dimanche lorsqu’ils sont consommateurs. Mais ils sont aussi 58 % à y être opposés s’ils doivent travailler eux-mêmes ce jour-là…
Travailler plus le dimanche, pour gagner plus ? Avec la loi adoptée récemment, ce devrait être possible dans « les zones touristiques et thermales » qui concernent les Alpes-Maritimes.
En voilà un beau débat de société ! Avec ses ardents partisans, qui voient dans cette nouvelle loi l’opportunité de développer l’économie et donc les emplois. Et ses farouches détracteurs, qui crient à « la régression sociale » et réclament le respect de la vie de famille des salariés.
Pas de PUCE dans les A.-M.
Les parlementaires ont donc tranché : c’est OK pour l’ouverture dominicale dans les « Périmètres d’usage de consommation exceptionnel » (PUCE). Une appellation réservée aux agglomérations de plus d’un million d’habitants et qui, concrètement, vise seulement Paris, Lille et Marseille. Dans ces secteurs – où les usages d’ouverture ont précédé la loi – les employés auront des compensations salariales et de temps (voir par ailleurs).
Mais rien de tel n’est prévu pour les salariés de nos plus modestes « zones touristiques et thermales » des stations azuréennes du littoral ou de villes comme Grasse…
Les opposants – partis de gauche et syndicats essentiellement, mais aussi des parlementaires UMP – craignent que ce texte ne constitue une remise en question du sacro-saint repos dominical. D’où un recours introduit devant le conseil constitutionnel, qui devra se prononcer avant toute application.
Et ici, dans les Alpes-Maritimes, qu’en pensent les partenaires sociaux ?
En qualité de syndicaliste et de chrétienne, Dominique Hedez-Maison, présidente 06 de la CFTC, se dit « totalement hostile » au travail du dimanche. « D’abord pour la vie de famille, car c’est le seul jour où tout le monde peut se réunir. Ensuite parce que la vie des gens ne se limite pas à produire et consommer. Il y a aussi des enjeux culturels, amicaux, spirituels, de solidarité de voisinage… »
Même avis du côté de Jean-Michel Hervo, secrétaire départemental de la CFDT : « Cette loi reste floue et rendra difficile les contrôles pour éviter les abus. C’est aussi une erreur économique car, au mieux, cela provoquera un transfert des dépenses sur le dimanche, mais pas de création de richesses supplémentaires en cette période de baisse du pouvoir d’achat ».
Le oui-mais des patrons
Du côté des employeurs, les positions sont plus nuancées.
C’est « oui » à cette nouvelle flexibilité permettant de faire travailler au moment où il y a plus de clients. Ainsi Laurent Lachkar, président de L’Union pour l’Entreprise 06 (Medef), verrait même d’un bon oeil entre 8 et 12 dimanches sur l’année pour couvrir les besoins pendant les vacances et les fêtes. « Il faut proposer une offre intéressante aux touristes, mais attention à ne pas créer de concurrence déloyale entre les centres-villes et les périphéries. Tout doit passer par la concertation » Mais pour d’autres patrons c’est « bof » pour les Alpes-Maritimes qui ne sont concernées pour l’instant que par une disposition précise : l’ouverture jusqu’à 13 heures au lieu de midi des commerces alimentaires.
Tout ça pour ça ?
1. Opinion Way, auprès de 2 626 personnes. Attention, les sondage OpinionWay, liés à l’Elysée, sont très douteux (ndlr)