L'Udict dit «non aux ouvertures dominicales». Entretien avec son secrétaire.


Jean-Pierre Demni: «Touche pas à mon dimanche. Photo C. Binet

Albi. «De l’esclavagisme moderne»

L’Union départementale interprofessionnelle des commerçants du Tarn, basée à Albi depuis 1975, se positionne clairement contre « la généralisation de l’ouverture dominicale », c’est ce qu’elle voit à travers la nouvelle loi du 10 août 2009 sur les nouvelles dérogations au repos dominical. En 2008, c’était une proposition du rapport Attali, et déjà, le syndicat patronal mettait son holà.

La loi « innove » avec ces nouvelles dérogations au repos dominical. Comment se positionne l’Udict ?

Contre ! Cette nouvelle loi ouvre le champ de dérogation aux communes à vocation touristique ou thermale, c’est innovant certes, mais c’est une régression sociale. Ce sera de l’esclavagisme moderne du personnel utilisé le dimanche et une brèche dans le sacro-saint principe du repos dominical. Nous attendons les décrets d’application. Nous sommes conscients que de nombreuses communes, et c’est tout à fait normal, souhaitent entrer dans ces champs d’application, que ce soit Albi, Castres, Gaillac, Lacaune, ou autre. Mais nous voyons cela d’un très mauvais œil car de notre avis c’est la généralisation de l’ouverture dominicale qui se pointe à l’horizon.

Que craignez-vous, au fond ?

Au niveau des commerçants, cela risque de créer un déséquilibre. Certains territoires seront privilégiés et les communes qui seront en dehors de ces périmètres vont souffrir de cette concurrence. Il faut s’attendre à des évasions commerciales. Cette loi nous met dans un flou artistique.

N’y a t’il pas des « clients du dimanche » à aller chercher ?

On peut argumenter. Mais les consommateurs vont-ils consommer sept jours sur sept alors qu’on veut multiplier le nombre d’enseignes et faire baisser les prix ? On demande à voir. Banaliser le dimanche ne sera pas une opportunité pour avoir un dynamisme commercial. Rien ne dit que cela fournira un plus gros chiffre d’affaire.

Vous participerez aux éventuelles consultations. Quels moyens d’action aurez-vous pour faire peser votre poids dans la balance ?

Difficile à dire, il faut voir dans quel cadre ces consultations vont se faire. Il faut être prudent. Nous verrons le moment venu comment mener notre stratégie et dans notre prochain conseil d’administration, nous allons définir une orientation sur ces questions de participation à ces comités, pour faire entendre la voix du commerce de proximité au plan départemental.

Vous dites avoir le soutien d’hommes politiques et même de la grande distribution sur des positions communes. Y aura-t-il un front anti loi du 10 août 2009 ?

C’est trop tôt. Pour l’instant, on a l’impression que tout le monde est résigné. J’ai rencontré des hommes politiques qui se sont battus, mais il y a cette résignation, ce fatalisme. Ce n’est pas l’état d’esprit de l’Udict. Nous sommes un syndicat militant et donc nous continuerons à nous battre, à combattre. Nous comptons sur toutes les personnes, d’autres horizons, politiques, sociaux, car il faudra être nombreux pour mener à bien des actions.

Laisser un commentaire