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Commerce. La nouvelle loi sur les dérogations au repos dominical attend son décret d’application. Albi pourrait être visée.
Le dimanche sera-t-il un jour comme les autres à Albi, c’est-à-dire commercial ? Autrement dit, Albi sera-t-elle concernée par les nouvelles dérogations au repos dominical prévue par la loi du 10 août 2009 ?
Une question que tout le petit monde albigeois se pose. « Un peu tôt pour le savoir » indique-t-on à la préfecture. En tout cas, c’est une possibilité à envisager. Une municipalité peut proposer au préfet une zone touristique où la loi s’appliquerait. Après consultation des différents acteurs, et ils sont nombreux (comité départemental du tourisme, « syndicats d’employeurs et de salariées intéressés », et collectivités territoriales), c’est à la préfecture que reviendra la décision, en l’occurrence, à Marcelle Pierrot, la préfète. Les nouvelles dérogations concernent les « établissements de vente au détail », donc magasins de prêt-à-porter, librairies, supermarchés et autres quincailleries.
« NE PAS FAIRE DE PLANS SUR LA COMÈTE »
« Nous avons pris connaissance de cette loi, et effectivement, on peut se poser la question. Sommes-nous concernés ou pas ? Rien ne nous permet de le dire pour l’instant, explique Christelle Guillaumot, conseillère municipale déléguée au commerce. Il me semble prématuré de faire des plans sur la comète ». La loi intègre une notion nouvelle de « commune d’intérêt touristique et thermale ». Et là aussi, interrogation. « Nous ne sommes pas classés commune touristique au sens du code du tourisme, nous n’avons pas le label. Ville touristique , ça veut rien dire et tout dire. On est obligé d’attendre les textes. »
La mairie d’Albi est « dans une position d’attente » confie Christelle Guillaumot. Même position du côté de la direction départementale de l’emploi, et de la préfecture du Tarn. Et pour cause, on attend un décret d’application du Conseil d’État qui se greffera à la loi. « Il faut mener la réflexion, mais en pensant bien aux différents enjeux, économique, et sociétal » souhaite Christelle Guillaumot. La municipalité veut « mettre toutes les données en balance », en somme, peser les pour et les contre. Les « contre», eux, se placent déjà dans la bataille (voir encadré) mais le directeur départemental du travail tient, lui aussi, à relativiser. « La loi ne nous a pas donné toutes les clés. Cela passera par la volonté des uns et des autres. Un certain nombre de consultations doivent être opérées » explique Ronan Léaustic.
Il existe déjà des « zones d’intérêt touristique dans le département. On retrouve Cordes-sur-Ciel, et Castres, mais pas Albi. Sait-on jamais, avec le probable, lui aussi, classement Unesco de la cité épiscopale, la notion pourrait s’élargir.
Les commerçants sceptiques
Si la mairie d’Albi n’a pas tranché sa décision, il y en a qui font connaître leur position. La Fédération du commerce d’Albi se place en défenseur du repos dominical. « C’est encore flou, résume Alain Pélissou, président de la « fed ». S’il y a à intervenir, je me positionnerai contre. Je respecte les jours fériés et les dimanches. Les touristes ne sont pas là spécialement le dimanche, ils sont là toute la semaine. J’espère que ces nouvelles dérogations ne s’appliqueront pas ici. »
« Plus intelligent », Alain Pélissou relaie une proposition, « ouvrir les commerces entre midi et deux un jour ou deux par semaine car à ces heures, on perd des clients potentiels ». Il tient à préciser qui n’est « pas contre ce qui se faisait déjà, avec l’ouverture des petites épiceries et des bars tabac. Je suis juste contre la généralisation de l’ouverture dominicale. Et d’ailleurs, une chose de la loi qui est positive, c’est le fait pour ces commerces de proximité de pouvoir ouvrir jusqu’à 13 heures et non plus à midi. »
Une chose moins positive, et qui inquiète gérants et salariés, c’est que dans ces zones, le travail le dimanche est « de droit » et peut donc concerner tous les salariés même s’ils ne sont pas volontaires. Et en cas d’absence d’accord collectif, aucune contrepartie n’est prévue par la loi. « Si j’ai le choix, je n’ouvrirai pas » confie Mathias Azéma, directeur adjoint d’un grand magasin albigeois. « Il faut penser aux salariés avant tout. Il ne faut pas que cela crée des déséquilibres au niveau familial, dit le responsable. Je n’ai pas tous les pouvoirs non plus, donc si ma hiérarchie me dit de le faire, je le ferai, mais pas de bon cœur. » Le travail le dimanche est un sujet sensible. Non, ce n’est pas un jour comme les autres.