Travail dominical : majorité étroite à l'Assemblée


Hervé Mariton, l’un des députés les plus intelligents de l’UMP, a fini par voter contre le texte Mallié (CAD)

Le Figaro, 15/07/09

Plus de cinquante députés de la majorité ont refusé de voter la proposition de loi de Richard Mallié.

Cinquante-deux députés de la majorité n’ont pas voté la proposition de loi UMP sur les dérogations au repos dominical, qui a été adoptée mercredi après-midi par 282 voix (UMP et Nouveau Centre) contre 238 (PS, PCF, Verts). Dix UMP ont voté contre ce texte dont ils craignent qu’il ne soit une étape vers la généralisation du travail du dimanche. Parmi eux, les élus des départements concordataires d’Alsace-Moselle Yves Bur, Denis Jacquat, Jean Ueberschlag et Marie-Jo Zimmermann, alors que le texte ne s’appliquera pas dans leur région, à leur demande expresse ! Quinze UMP se sont abstenus et vingt et un n’ont pas pris part au vote.

Au Nouveau Centre, onze élus ont voté pour, cinq se sont abstenus, dont Charles de Courson, Jean Dionis du Séjour et François Rochebloine, et un a voté contre, Thierry Benoit (Ille-et-Vilaine). François Bayrou, les ex-UMP Nicolas Dupont-Aignan et Daniel Garrigue, les villiéristes Véronique Besse et Dominique Souchet, ont également voté contre.

Adoption laborieuse

Les élus bretons et normands ont été parmi les plus réticents. «Ce texte ne s’appliquera jamais à Vitré (la commune dont il est maire) ni dans la quasi-totalité des villes de l’Ouest», affirme Pierre Méhaignerie, qui a voté le texte sans enthousiasme. «Je crains un premier coup de canif dans notre pacte social», explique Jacques Le Guen (UMP, Finistère), qui s’est abstenu. «J’ai voté contre ce texte, qui porte en germe la généralisation du travail du dimanche sous la pression des faits», justifie Guénhaël Huet, député maire UMP d’Avranches (Manche). Daniel Fasquelle, député maire UMP du Touquet (Pas-de-Calais), a aussi voté contre, mais pour une autre raison : il appréhende «la concurrence des grandes villes sur le commerce dans les stations touristiques». Son collègue de la Drôme, Hervé Mariton, a hésité jusqu’à la dernière heure et a fini par voter contre car «il craint la finalité politique» du texte.

À l’inverse, Michèle Tabarot, députée maire UMP du Cannet (Alpes-Maritimes), s’est réjouie de l’adoption du texte au motif que «certaines zones ont besoin de souplesse pour dynamiser le tourisme». Le rapporteur UMP, Richard Mallié, qui a dû revoir quatre fois sa copie pour parvenir à l’adoption «laborieuse» de son texte, ne cachait pas mercredi sa lassitude. «C’est un texte qui a été sabordé, caricaturé.» Le centriste Maurice Leroy fait état d’un «lobbying intense» des partisans du repos du dimanche, «notamment les amis de Christine Boutin». «J’ai été assailli de Textos», confirme la villiériste Véronique Besse, hostile à ce texte qu’elle juge comme «une erreur économique, culturelle et sociétale».

Pour le PS, Jean-Marc Ayrault, a confirmé mercredi que le parti saisirait le Conseil constitutionnel contre ce texte s’il était adopté définitivement d’ici à la fin juillet. Le Sénat en sera saisi les 21 et 22 juillet.

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