Pensées d’Outre Politique, 9/7/09
Beaucoup de travail, en ce moment : je serai très bref ce matin, juste un petit passage pour évoquer un sondage paru mardi dans Libération sur le travail dominical. Force est de constater que les Français semblent loin d’y être favorables! Désolé, je radote, mais le sujet est crucial et c’est maintenant qu’il faut se mobiliser. Après, il sera trop tard, le cheval de Troie sera dans nos murs. Alors députés de droite, réveillez-vous!
Jusqu’ici, les Français, on les avait soigneusement interrogés sur l’ouverture des commerces le dimanche : y êtes-vous favorable, ma bonne dame? Et celle-ci de répondre, “ben oui!”, un peu comme un enfant à qui on demanderait s’il veut faire une nouvelle partie de Playstation. “Ben oui!” Et nos ministres, lors du dernier débat sur le travail dominical, avaient beau jeu de clamer sur tous les toits qu’une écrasante majorité de Français étaient favorables à leur projet. Que les esprits “évoluaient”. Forcément, les questions étaient très mal posées. Car à chaque fois qu’on a inversé la question et qu’on l’a orienté sur le travail plutôt que sur la consommation, les sondés ont à chaque fois répondu qu’ils étaient défavorables à la réforme!
Comme la liberté que brandissent nos chers amis de l’UMP n’est rien sans la responsabilité et la réflexion, Libération a eu l’intelligence d’inverser à nouveau la question, qui devient : “La majorité envisage de faciliter le travail du dimanche, notamment dans les grandes agglomérations et les zones touristiques. Etes-vous favorable ou défavorable à cette mesure?”
Une question honnête, qui a le mérite de poser le débat de façon neutre avant de recueillir la réponse. Et ils sont 55% à être contre, 42% à être pour. “Quand on leur demande s’ils aiment bien voir des magasins ouverts le dimanche, ils répondent oui. Quand on leur demande s’ils veulent travailler le dimanche, ils répondent non. Ce n’est ni de la versatilité, ni de la schizophrénie. Mais selon que l’on s’adresse au salarié ou au client, la préoccupation n’est pas la même”, écrit François Wenz-Dumas dans Libé. 57% des sondés affirment qu’ils répondraient “non” à leur employeur si celui-ci leur demandait de travailler le dimanche.
Ils sont également 86% à juger que “le dimanche est un jour fondamental pour la vie de famille, sportive, culturelle ou spirituelle” et 85% à estimer que ce jour “doit rester un jour de repos pour le plus grand nombre”. On les comprend, car quand on travaille déjà tous les samedi, ce peut être sympa de voir ses enfants le dimanche. Mais si on refuse, on peut être licencié! Assurément, l’histoire du doublement de salaire et du consentement des salariés ne peut plus convaincre personne… L’analyse du texte, dont l’examen à l’Assemblée doit s’achever samedi, est disponible ici.
58% des personnes interrogées, enfin, estiment que ce texte n’aura pas d’impact en terme de créations d’emploi, contrairement à ce que la propagande gouvernementale essaie de nous faire croire. Même Laurence Parisot est d’accord pour dire que l’intérêt économique sera nul!
En revanche, notre nullissime ministre de la Famille, Nadine Morano, prépare déjà une extension du travail dominical, déjà évoquée l’an passé : l’ouverture des crèches, pour garder les enfants de ceux qui travailleront le dimanche… Avec un tel effet domino, on ose nous jurer qu’il n’y aura pas de généralisation?
Sarkozy, lui, estime que cette réforme sera ”la marque d’une famille politique qui assume ses convictions”. C’est plutôt l’inverse : ce projet montre l’absence totale de convictions d’une majorité qui ne raisonne qu’en termes économiques, et pour faire plaisir à quelques puissants lobbies.
La politique de civilisation? Mon oeil!
N.B : continuez, si vous y êtes opposé, à signer la pétition contre le travail dominical.