Presse Océan : la boite de Pandore

Presse Océan, Dominique Bloyet, 12/07/09

En 1906, le dimanche avait été choisi comme jour de repos hebdomadaire dans l’intérêt des familles.

Je comprends que le clergé soit partisan du repos dominical : c’est le dimanche que ces messieurs travaillent le plus ». À l’instar d’Alphonse Allais, le dimanche a souvent inspiré les humoristes. Mais aujourd’hui, la question du travail dominical n’a jamais été aussi sérieuse. Retoqué l’hiver dernier, le projet vient de repasser sur le métier des législateurs. Mais cette quatrième mouture semble ouvrir grand la boite de Pandore.

Le député UMP des Bouches-du-Rhône, Richard Maillé, rapporteur du projet de loi se veut rassurant : cela ne concerne qu’un nombre limité de communes. À savoir, les zones frontalières et les agglomérations de plus d’un million d’habitants caractérisées par « des habitudes de consommation de fin de semaine », c’est-à-dire Paris et Marseille. Pour ces deux-là, le texte prévoit des contreparties pour les salariés en terme de rémunérations et de repos et fixe le travail dominical sur la base du volontariat. Mais un deuxième volet prévoit que l’ouverture pourrait être autorisée, à la demande du maire, dans les communes dites « touristiques », selon un classement établi par le préfet. Dans ce cas, aucune contrepartie n’est prévue pour les salariés, pas plus que pour ceux travaillant déjà le dimanche. Richard Maillé estime à 497 le nombre de communes concernées, quand Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, évoque 3 000 communes.

La vie communautaire

Le repos dominical est l’expression de la volonté républicaine d’octroyer aux salariés un jour de repos hebdomadaire à l’issue de six jours de travail. Le choix s’est porté sur le dimanche, dans l’intérêt des familles et de la vie communautaire. Rien à voir, donc, avec la religiosité. En fait, la loi du 13 juillet 1906 a été impulsée par les salariés du commerce rappelle Robert Beck, dans son Histoire du dimanche : de 1700 à nos jours (Les Éditions de l’Atelier, 1997). Cette loi a ceci de juste qu’elle parvient à un équilibre entre la légitimité d’ouverture dominicale des commerces de proximité, des marchés ou des services de santé et une organisation de la société qui donne toute leur place à la famille, le bénévolat, les loisirs… Le repos dominical est un droit collectif quand le droit au travail dominical ne devrait faire appel qu’à l’intérêt individuel.

Finalement, Gilbert Cesbron n’avait pas totalement tort en affirmant : « Ce qu’il y a de meilleur dans le dimanche, c’est encore le samedi »

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