PARIS — Le Sénat a poursuivi mercredi l’examen du texte sur le travail du dimanche, avec des passes d’armes gauche-droite animées, tandis qu’à l’UMP, la crainte d’éventuelles défections dans ses rangs grandissait, à l’approche du vote qui devrait intervenir jeudi.
A la veille ou l’avant-veille de la fin de la session, l’hémicycle était toujours très garni, la gauche très mobilisée tentant de faire passer au moins un des 140 amendements déposés sur cette proposition de loi UMP, afin d’éviter un vote « conforme » (sans modification du texte déjà voté par les députés) et donc définitif.
En cas d’adoption d’un amendement, il faudrait la convocation d’une Commission mixte paritaire (CMP, 7 sénateurs, 7 députés) retardant d’autant le vote final.
Les responsables du groupe UMP ne quittaient guère les abords de l’hémicycle, veillant à une présence suffisante pour être majoritaire dans les votes. « Nous devrions passer mais de justesse », s’inquiétait un membre du groupe.
« Tout va bien se passer », rassurait le ministre des Relations avec le Parlement Henri de Raincourt, également très présent.
André Lardeux (UMP) et Jean-Paul Alduy (UMP) ont indiqué qu’ils voteraient contre, mais l’inconnue demeure sur le nombre d’abstentions dans la majorité dont les centristes, arbitres de la droite.
Marie-Thérèse Hermange (UMP) a notamment fait part de ses doutes. « Je suis perplexe », « le dimanche c’est le jour du rendez-vous avec l’Autre, pour les Chrétiens, le Christ appelle à un rendez-vous », a-t-elle lancé, applaudie à gauche mais aussi sur plusieurs bancs UMP et Union Centriste.
PS, PCF et Verts ont harcelé la majorité tout en faisant part de leur désillusion. « Je ne me fais aucune illusion, j’ai entendu M. About (président du groupe Union Centriste) apporter le soutien mollement conditionnel de son groupe », a déclaré Annie Jarraud-Vergnolle (CRC-SPG).
« Le texte sera voté avec 10 voix d’avance, tout est bouclé d’avance » pronostiquait dans les couloirs du Sénat, Raymonde Le Texier (PS).
Nicolas About a assuré soutenir « avec force » un texte qui « ne fait que corriger les difficultés de sites comme ceux de Plan de campagne et Eragny en régularisant la situation ». Il a tenté une sortie vers les élus catholiques, tançant la gauche qui « fut à la pointe du combat pour régulariser des situations qui tombaient sous le coup de la justice. Je pense à l’avortement ».
C’est « une loi d’amnistie déguisée. Point final. Tout le reste, c’est de la littérature », s’est exclamé Jean-Pierre Michel (PS).
La zone commerciale Plan de campagne, près de Marseille, située dans la circonscription de Richard Mallié (UMP), auteur du texte, ouverte depuis 40 ans illégalement, est concernée ainsi que d’autres zones en région parisienne.
Jean-Pierre Sueur (PS) a attaqué Xavier Darcos (Travail) l’accusant « de tout dérégler pour que l’on puisse travailler tout le temps » ajoutant que « c’est une conception de civilisation ».
« Moi, monsieur, je vais le dimanche chez Virgin avec mon fils sans être , pour autant, l’ennemi de la culture » a rétorqué M. Darcos. « Je suppose que l’épouse de ce ministre tient la caisse chez Leroy Merlin ce même dimanche », a insisté M. Sueur. Jean Desessard (Vert) ironisait sur le classement « zone touristique » du quartier de la Défense.
Le texte autorise le travail dominical dans les communes touristiques et les grandes zones commerciales de Paris, Lille et Marseille, mais sous des régimes différents.