Après le vote des députés, c’est au tour des sénateurs d’examiner le projet de loi sur les dérogations au repos dominical dans les commerces pour une adoption définitive. Alors que le calendrier parlementaire est déjà encombré au point que la loi sur la formation professionnelle a été repoussée et ne devrait finalement pas être adoptée avant… octobre, la précipitation et le forcing dont a fait preuve le gouvernement concernant ce texte sont d’autant moins justifiés que la crise appelle une autre gestion des priorités.
Contrairement aux allégations du gouvernement, ce texte flou et mal ficelé laisse la porte ouverte à des interprétations et des abus qui seront difficilement contrôlables par les pouvoirs publics. D’où un risque bien réel de généralisation des ouvertures dominicales des commerces. De nombreux autres secteurs et services publics seront alors impactés : propreté, sécurité, transports, services aux personnes… Au nom du “ bon sens ” et d’une prétendue “ modernité ” défendue par le ministre du Travail, Xavier Darcos, c’est un nouveau choix de société qui risque à terme de s’imposer. Ce n’est certainement pas celui que défend la CFDT. Le dimanche ne doit pas devenir un jour ordinaire !
De plus, économiquement, cette loi s’annonce inefficace, voire contre-productive. De nombreuses études le démontrent, l’ouverture des magasins le dimanche n’entraînera pas de consommation supplémentaire. L’argent dépensé le samedi ne le sera pas le dimanche. Le pouvoir de consommation des ménages n’est pas expansif, surtout en cas de récession. Elle n’entraînera pas non plus de créations d’emplois. Pire, le solde pourrait se révéler négatif, de nombreux petits commerces risquant d’être menacés.
Quant aux garanties promises aux salariés, elles relèvent d’une grande hypocrisie. La partie de la loi appelant des contreparties ne concerne pas les commerces dans les zones touristiques. Ce qui veut dire que le travail du dimanche pourra être généralisé à tous les salariés de ces zones sans qu’il soit nécessaire de négocier quoi que ce soit. Pour ces salariés, ni augmentation de salaire, ni repos compensateur, ni volontariat. Ce volontariat, fondé sur le gré-à-gré avec l’employeur, relève d’ailleurs du jeu de dupes.
Pour toutes ces raisons, la CFDT déplore que le dialogue social ait été absent d’un sujet qui concerne les salariés et leur temps de travail.
Laurence Laigo, secrétaire nationale