« Il s’agit de répondre à l’attente de beaucoup de Français »
Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, revient sur le travail du dimanche.
Selon vous, le repos dominical restera la règle avec la proposition de loi Maillé ? Frédéric Lefebvre (UMP). Bien sûr. C’est une règle, mais une règle à laquelle il y a déjà des exceptions. Or celles-ci ne sont plus adaptées à la réalité d’aujourd’hui. La proposition de loi met en avant la volonté des salariés et répond à l’attente de beaucoup de Français.
N’y a-t-il pas, comme le craignent les socialistes, un risque d’extension des communes touristiques, et à terme une généralisation du travail le dimanche ? Les socialistes, comme toujours, font des procès d’intention. Ils pratiquent l’amalgame en essayant de faire croire que c’est une généralisation, que 6 000 communes seraient concernées, alors que l’auteur de la proposition de loi a été très clair : ça ne concerne que 500 communes.
Il y a tout de même un manque de clarté sur la définition des zones et communes touristiques… Il y a la volonté, y compris dans la majorité, et c’est le but des discussions au Parlement, de préciser les choses pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté. Mais clairement, l’objectif n’est pas la généralisation. Le sujet est surtout de répondre aux attentes de beaucoup de Français qui aujourd’hui dans des zones touristiques voudraient travailler et ne le peuvent pas.
L’opposition dénonce aussi l’inégalité de statut qui s’installerait entre les différents salariés du dimanche… L’inégalité, c’est la situation d’aujourd’hui. Comme il n’y a pas de vraies règles, les salariés en font les frais. Plus il y aura des règles claires, plus les entreprises devront jouer le jeu. C’est la défense des salariés que de vouloir réguler ce travail le dimanche.
Le texte laisse une partie des députés UMP sceptiques. Ça ne va pas être compliqué de les mobiliser ? Il y a eu des réticences sur le texte initial et beaucoup de discussions dans la majorité, mais aujourd’hui on est arrivé à un texte qui est un compromis. Il a le soutien de la quasi-totalité des parlementaires UMP.
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« Le modèle social français serait atteint dans son cœur »
Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés PS, s’oppose au projet de loi UMP sur le travail du dimanche.
Pourquoi la proposition de loi UMP est-elle dangereuse selon vous ? Jean-Marc Ayrault (PS). Tout le monde pensait que ce nouveau texte serait à minima, qu’il règlerait simplement les situations de fait, comme à Plan de Campagne, à côté de Marseille, où on travaille le dimanche malgré l’interdiction. Or c’est une proposition de loi beaucoup plus grave avec des dispositions supplémentaires qui concernent les communes de type touristique.
Il y en a potentiellement 6 000 en France selon les chiffres du ministère du tourisme. Si le texte demeure en l’état, le travail le dimanche n’y sera plus à titre exceptionnel et sur la base du volontariat, mais de plein droit. Le salarié qui refuserait de s’y soumettre pourrait être licencié. Avec cette extension du travail le dimanche, le modèle social français serait atteint dans son cœur.
Vous dénoncez aussi une inégalité de statut pour les salariés du dimanche… Ceux qui travaillent déjà le dimanche ne bénéficieraient pas des avantages que le texte prévoit pour certains cas, Plan de campagne et quelques autres. Beaucoup de ces salariés ont réagi en nous disant : « si certains sont payés double le dimanche, nous demandons aussi à l’être ». Cela pose des problèmes d’égalité constitutionnelle. Le texte de l’UMP est brouillon, mal fait, mais il a des conséquences sociales graves. C’est une escroquerie sociale.
Pour vous, c’est un choix de société qui va être débattu cette semaine ? Je le crois. La banalisation du repos dominical, c’est un choix de société. Le dimanche, beaucoup de Français veulent consacrer du temps à leur famille, à la vie associative, culturelle, et même cultuelle.
Vous avez écrit aux députés UMP. Comment ont-ils réagi ? Ca a jeté le trouble au sein de la majorité. Beaucoup de députés UMP me l’ont dit à titre individuel. J’espère que ce texte ne sera pas voté tel quel. La majorité a encore le temps de se ressaisir.
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