Le travail dominical en danger au Sénat

Malgré l’injonction d’un vote conforme faite au Sénat, celui-ci sera apparemment moins facilement obtenu que prévu : en effet, la discussion au Sénat a mis en relief les nombreuses insuffisances du texte Mallié, et ce ne sont pas les non-réponses ou les faux-fuyants de M. Darcos et de Mme Debré qui auront permis de dissiper le malaise. D’autre part, comme le rappelle le sénateur Lardeux :

« La discipline de groupe, c’est bien gentil. Mais ça ne doit pas conduire à voter contre sa conscience » 

L’examen du texte aura de plus mis en lumière le côté quasi maffieux de la zone de Plan de Campagne, le centre commercial de Richard Mallié : permis de construire douteux ou falsifiés, avis de la DDE non respectés, dispositifs de sécurité inexistants… (voir le site En toute Franchise) Dans ce contexte, le travail illégal du dimanche reste presque le moins scandaleux !

Nous incitons les citoyens à continuer de pétitionner, et de dire au Sénat que le choix d’une société à l’anglo-saxonne n’est pas le leur !

Les Echos, 22/07/09

C’est un ténor de l’UMP qui le dit : « C’est très chaud. » Alors que les sénateurs ont entamé hier l’examen du texte sur le travail dominical, les responsables de la majorité sont inquiets. Votée la semaine dernière à une étroite majorité par les députés, la proposition de loi controversée n’est pas assurée de son sort au Palais du Luxembourg. A la manoeuvre, le président de la chambre haute, Gérard Larcher, les présidents des groupes UMP (Gérard Longuet) et centriste (Nicolas About), le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement Henri de Raincourt (ancien président du groupe UMP au Sénat) et l’Elysée font et refont les comptes. Les derniers font état d’une avance de 3 à 7 voix seulement en faveur du texte. Assez pour être optimiste, mais trop peu pour être serein. « C’est plus serré que prévu », avoue un proche du chef de l’Etat.

Le problème est que l’UMP ne dispose pas au Sénat, à la différence de l’Assemblée, de la majorité absolue des suffrages. Et même en faisant le plein dans ses propres rangs (151 élus en comptant les apparentés) et avec l’appui de la totalité des 29 élus de l’Union centristes, elle ne la dépasse que de 8 voix. Or sur l’extension du travail le dimanche, une partie d’entre eux renâclent, craignant que le texte n’ouvre la voie à une généralisation. Tiraillé entre élus Modem, Nouveau Centre et UDF historiques, le groupe centriste n’est pas unanime. Au sein de l’UMP, aussi, certains ont des états d’âme. Sénateur du Maine-et-Loire, André Lardeux est déterminé à voter contre. Et d’autres s’abstiendront, notamment parmi les Alsaciens, même si leur région n’est plus concernée par la proposition de loi.

Des réserves

C’est le cas de Fabienne Keller, « très réservée à cause de la symbolique que porte » le texte. « La question du rythme de vie et du respect du temps est quelque chose d’important », insiste l’ancien maire de Strasbourg. Tout juste a-t-elle accepté de ne pas voter contre, « pour faire un geste envers l’exécutif ». Hier, Gérard Longuet a, d’ailleurs, tenté de jouer sur cette corde sensible, demandant à ceux qui sont tentés de s’abstenir de voter pour, et aux opposants de s’abstenir. Pour le président du groupe UMP comme pour son homologue centriste, l’issue du vote est en tout cas d’importance. Les deux hommes viennent d’accéder à ces postes après l’entrée d’Henri de Raincourt et de Michel Mercier au gouvernement.

Leur tâche ne consiste pas seulement à s’assurer que le texte soit voté. Il faut aussi que le vote du Sénat soit conforme à celui de l’Assemblée pour que l’adoption soit définitive et que le travail dominical ne revienne pas empoisonner la vie de la majorité à la rentrée. En commission, la proposition de loi a été votée sans changement. Mais face à une gauche très remontée, les sénateurs UMP et centristes seront-ils toujours assez nombreux dans l’hémicycle pour contrer tous les coups ?

PIERRE-ALAIN FURBURY, Les Echos

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