Travail. L’assouplissement de la loi sur le repos dominical est discuté demain à l’Assemblée nationale.
Les Français restent majoritairement attachés au dimanche en famille. Photo DDM.
Travailler le dimanche. Voilà qui ne sera peut-être bientôt plus tabou. Le débat sur l’assouplissement des règles du travail dominical s’ouvre aujourd’hui à l’Assemblée nationale. Et Nicolas Sarkozy a déjà annoncé la couleur sur sa volonté de régler le problème avant la fin de l’été :
« Est-ce qu’il est normal que le dimanche, quand Mme Obama veut avec ses filles visiter les magasins parisiens, je doive passer un coup de téléphone pour les faire ouvrir ? », avait-il pesté au lendemain de la visite du président américain et de sa famille en France.
Le débat s’annonce houleux, car la majorité elle-même est divisée. Le député UMP Denis Jacquat se déclare « pessimiste », craignant que le travail dominical « ne se généralise. »
COMMUNES TOURISTIQUES
Cette crainte est partagée par l’opposition. La proposition de loi concerne un nombre limité de communes, dans lesquelles les commerces pourraient ouvrir le dimanche. Tout d’abord, les zones frontalières (Lille) et les agglomérations de plus d’un million d’habitants caractérisées par « des habitudes de consommation de fin de semaine ». Soit Paris et Marseille, mais pas Lyon, où les élus sont opposés au travail dominical. Dans ces zones, le texte met en place des contreparties pour les salariés, sauf si un accord existait déjà : doublement de salaire, repos compensateur et volontariat. Mais les salariés ont-ils vraiment le choix ? « Le principe du volontariat n’existe pas, les salariés veulent bien travailler le dimanche car ils ne gagnent pas assez », proteste un employé d’un grand magasin parisien.
Le deuxième volet du texte consacre l’ouverture des magasins le dimanche dans les communes qui seraient qualifiées de « touristiques » par le préfet, à la demande d’un maire. Dans ces communes, en revanche, aucune contrepartie n’est prévue pour les salariés. « Un refus de travailler le dimanche justifiera un licenciement », s’inquiète la députée des Verts Martine Billard.
Quelles sont ces fameuses communes touristiques ? Difficile à dire, tant ce point est sujet à controverses. « La liste est immense », affirme Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l’Assemblée nationale. « Le texte opère une généralisation totale du travail dominical sans contrepartie pour les salariés », ajoute-t-il, estimant que la proposition de loi pourrait viser 6 000 communes. Richard Mallié, rapporteur (UMP) du texte, avance quant à lui le chiffre de 497 communes et trois zones.
Qu’en disent les consommateurs ? Selon la dernière étude en date, réalisée en février, 59 % des habitants de l’île de France seraient favorables au travail dominical. Mais les sondages sont très contradictoires. La preuve, selon d’autres sources, 84 % des Français restent attachés au repos dominical.
La balle est maintenant dans le camp des députés. En décembre dernier, un premier texte avait dû être retiré précipitamment.