Bertrand Delanoë : la protestation de la Ville de Paris

Remarquable communiqué de presse de Bertrand Delanoë, Maire de Paris.

» 03/07/2009  Par M. Bertrand DELANOË

Le Parlement va examiner dès la semaine prochaine une proposition de loi du groupe UMP relative au travail du dimanche.

Loin de limiter les dérogations au principe du repos dominical, cette proposition de loi fortement soutenue par le gouvernement vise à banaliser et étendre le travail du dimanche pour toutes les villes touristiques. Cette terminologie de villes touristiques est un (habile) prétexte pour faire passer dans les faits la généralisation du travail du dimanche dans toutes les grandes villes, qui à un titre ou à un autre peuvent être qualifiées de touristiques. Avec ce subterfuge, on sort de la logique qui prévalait antérieurement avec la délimitation de zones touristiques pour imposer une déréglementation du droit du travail à l’échelle de toute une ville. En effet, selon ce texte, tous les commerces pourraient ouvrir de droit le dimanche dans ces communes. Cette disposition s’appliquerait à Paris sur la totalité de son territoire.

Paris est une ville ouverte, la première ville touristique mondiale. Paris a donc des devoirs d’accueil, d’accompagnement de ses visiteurs. C’est pourquoi j’ai toujours considéré que certains quartiers dans Paris devaient suivre d’autres règles de fonctionnement que des quartiers plus résidentiels. Je suis d’ailleurs favorable à ce que l’on sorte d’une certaine hypocrisie qui fait qu’en l’état actuel de la loi, dans ces zones spécifiques comme les Champs Elysées, certains commerces puissent ouvrir et d’autres pas.

Mais je m’oppose fermement au classement en ville touristique de l’ensemble du territoire parisien. Ce n’est pas ma conception de la civilisation urbaine du XXIème siècle et je doute que « la métropole de l’après Kyoto » puisse être synonyme de grande ville de la consommation 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Le temps du dimanche, temps de repos respecté pour une majorité de citoyens, ne doit pas être sacrifié à une vision de l’économie déréglementée, qui ne tient pas compte de la vie familiale et personnelle des salariés et du rythme d’une ville.

Cette loi ne sera pas favorable aux salariés car comment seraient-ils en capacité de négocier des contreparties avantageuses quand l’ouverture du dimanche s’appliquera « de droit » ? Ce projet de loi constitue par ailleurs une menace grave pour la santé et la pérennité des commerces indépendants, donc pour la diversité commerciale qui participe au dynamisme économique. Enfin, cette loi ne correspond pas aux aspirations de la majorité des Parisiens et des visiteurs de Paris qui apprécient à Paris l’alternance de quartiers touristiques et très vivants avec des quartiers plus calmes.

Si la proposition de loi était adoptée, elle s’appliquerait à Paris dans des conditions dérogatoires puisque Paris serait la seule commune de France dont les élus ne seraient pas formellement consultés sur une mesure qui bouleverserait profondément l’équilibre de la ville et de la vie de ses habitants. Une telle disposition constituerait un véritable déni de démocratie.

Laisser un commentaire