Travail du dimanche, encore lui ! Soutenue par le gouvernement, une nouvelle mouture de la proposition de loi retoquée fin décembre a été déposée à l’Assemblée nationale le 19 mai. L’initiative revient cette fois encore à Richard Mallié, le député des Bouches-du-Rhône qui accueille dans sa circonscription la plus grande zone commerciale de France, ouverte le dimanche par dérogation. L’évêque du lieu (Aix-en-Provence et Arles), Mgr Dufour, explique ses réticences en exclusivité pour famillechretienne.fr
Le gouvernement revient à la charge avec le travail du dimanche, qu’en pensez-vous ?
Cette initiative du gouvernement est regrettable. Je m’étais réjoui qu’il ait écouté les parlementaires qui avaient refusé de voter une généralisation du travail du dimanche. Que le gouvernement prenne des dispositions pour réglementer certaines situations particulières qui concernent les personnels de santé, c’est son devoir. Mais qu’il en fasse un symbole de libération des soi-disant « carcans de la société », comme l’a dit Nicolas Sarkozy, c’est se tromper de combat ! Aujourd’hui, le vrai combat à mener, c’est de permettre aux personnes et aux familles d’avoir un temps collectif de repos. Certes, il faut donner du travail aux Français, mais pas à n’importe quel prix !
À partir de quelles garanties l’Église serait-elle d’accord avec une extension du travail du dimanche ?
D’abord, il faudrait impérativement que le principe du repos dominical soit réaffirmé pour tous. Et que cela soit formulé et acté dans une loi. Nous serons très vigilants là-dessus. Ensuite, on ne doit pas obliger quelqu’un à travailler ce jour-là. Le dimanche doit rester pour tous un jour de repos. Évidemment, une fois encore, certaines personnes doivent pouvoir travailler le dimanche, l’Église n’est pas jusqu’au-boutiste. Mais chaque dérogation doit être dictée par la nécessité qu’impose le respect du bien commun. Je ne suis pas sûr que ce soit le cas. Enfin, je pose la question : a-t-on besoin de légiférer pour réglementer ?
Est-ce qu’en conscience un chrétien peut adhérer à une telle proposition de loi ?
Je ne peux pas répondre par « oui » ou par « non » à cette question. Le chrétien demeure critique sur une proposition de loi qui est une menace pour le repos dominical. Cependant, si une loi humaine essaie de s’approcher le plus possible du bien commun, aucune loi n’est parfaite, aucune ne peut être érigée en absolu. Pour un chrétien, le repos dominical est un commandement d’amour divin. Le disciple du Christ, à moins d’y être obligé par son métier, doit veiller à ne pas travailler ni faire ses courses le dimanche. Nous avons six jours pour travailler et nous occuper de nos affaires courantes. Redécouvrons le dimanche, ce septième jour qui est consacré à Dieu.
Emmanuel Pellat