Travail du dimanche: les syndicats remontés contre la résurgence d'une réforme

AFP, 28/4/09

PARIS (AFP) — Les syndicats ont nettement marqué lundi leur hostilité à toute extension de l’ouverture dominicale des magasins, au lendemain de l’annonce par le gouvernement que le Parlement allait légiférer en ce sens d’ici l’été.

A quelques jours du 1er mai qui les verra défiler tous ensemble, les syndicats ont fait chorus pour dénoncer la volonté gouvernementale, exprimée dimanche par le ministre du Travail Brice Hortefeux et confirmée lundi par le Premier ministre François Fillon, de remettre en chantier une proposition de loi sur ce sujet.

A Mulhouse, M. Fillon s’est fait l’avocat d’une réforme qui, a-t-il dit, ne vise pas à « faire travailler tous les Français le dimanche » mais à « répondre à des questions très spécifiques concernant en particulier les zones touristiques ».

Le secrétaire général de la CFDT François Chérèque a estimé que cette initiative était « hors sujet ». « Je pense que les salariés qui sont en train de perdre leur emploi vont être bien surpris que ce soit ça, la priorité du gouvernement », a-t-il lancé lundi.

Son homologue Bernard Thibault (CGT) a été catégorique. « C’est de la provocation pure et simple, au nom d’un dogmatisme politique », a-t-il asséné. Selon M. Thibault, « l’ouverture des commerces le dimanche bénéficiera avant tout aux grandes surfaces et sera au final (nuisible à) l’emploi ».

Dans un communiqué, Force Ouvrière a exprimé « sa ferme opposition à toute extension du travail le dimanche », appelant « à intégrer la défense du repos hebdomadaire dans les revendications du 1er mai ».

Dès dimanche, la CFTC avait stigmatisé « l’acharnement thérapeutique » de la majorité sur ce dossier, accusant le gouvernement de persister dans « une volonté de régulariser la délinquance », certains magasins continuant d’ouvrir malgré des interdictions.

Côté patronal, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) a prévenu lundi qu’elle serait « extrêmement vigilante pour éviter une généralisation » du travail dominical, qui « fragiliserait » le commerce de proximité.

Sans surprise, le porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre s’est félicité de la persévérance gouvernementale, jugeant que la future législation permettrait de répondre à « l’attente des Français qui veulent travailler ».

A l’inverse, la députée UMP du Haut-Rhin Arlette Grosskost, qui accompagnait M. Fillon à Mulhouse, a vigoureusement critiqué cette « très mauvaise idée » devant la presse, assurant qu’elle serait « vent debout » contre ce texte.

Selon le secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement Roger Karoutchi, l’initiative gouvernementale ne vise pas à « jeter de l’huile sur le feu » à quelques jours du 1er mai. Il a rappelé qu’une réforme était « dans le programme présidentiel de Nicolas Sarkozy ».

La proposition de loi, a-t-il précisé, « sera en commission dès la fin mai », puis « débattue dans l’une des deux assemblées probablement au mois de juin, puis dans la seconde au mois de juillet ».

En décembre, une première proposition de loi du député UMP Richard Mallié n’avait pu aboutir, du fait de la mobilisation des députés de gauche, mais aussi d’hésitations au sein même de l’UMP.

Adoptée début janvier, la plateforme commune des huit syndicats à l’origine des manifestations unitaires des 29 janvier, 19 mars et du 1er mai demandait de « retirer la proposition de loi sur le travail du dimanche ».

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