Pourquoi le FN défend le repos dominical
L’offensive du gouvernement, de l’UMP et du lobby de la grande distribution se poursuit pour imposer la suppression du repos dominical institué en 1906. Une nouvelle proposition de loi sera déposée dans les prochaines semaines et devrait être débattue à l’Assemblée nationale en juillet. « Nous n’avons pas renoncé (au travail le dimanche) », a martelé dimanche le Ministre du Travail, Brice Hortefeux, invité du Grand rendez-vous Europe 1/Le Parisien.
Pour mieux faire passer la pilule, M. Hortefeux explique qu’il faut permettre « aux salariés qui le souhaitent, dans des zones bien définies, de pouvoir effectivement travailler volontairement ». Il ne doit y avoir « ni généralisation totale du travail du dimanche ni d’abolition du repos dominical », « mais une prise en compte de l’aspiration de nos concitoyens qui souhaitent pour une grande part faire leurs courses le dimanche ». Seraient concernés « tous les commerces de détail » dans « les zones touristiques et thermales », ainsi que certaines « grandes agglomérations ».
Le syndicat CFTC a fort justement estimé que cette proposition de loi relevait de « l’acharnement thérapeutique », les mesures annoncées étant une reprise, en « les transformant un peu », de dispositions « déjà rejetées » et qui figurait dans la proposition de loi du député UMP Richard Maillié, dont l’examen à l’Assemblée nationale avait été suspendu en décembre. « Y a-t-il urgence dans un contexte de crise économique à affaiblir le lien social et l’emploi ? », s’est interrogé Joseph Thouvenel, un des secrétaires confédéraux de la CFTC, qui craint que davantage d’ouvertures dominicales menacent les commerces de proximité.
Cette proposition de loi Hortefeux a été, comme les précédentes du même tonneau, accueillie avec satisfaction par les réseaux de la grande distribution, laquelle bénéficie d’une grande complaisance au sein de nombreuses municipalités tenues par les politiciens de l’établissement… Le travail le dimanche, autre bien sûr que les traditionnels commerces de bouche ouverts en général le dimanche matin, aurait surtout pour effet de détruire des emplois dans le petit commerce, qui n’a pas les moyens d’ouvrir sept jours sur sept, et de fragiliser des employés qui deviendront le dimanche des « volontaires forcés ». Des petits commerces qui sont déjà victimes des ouvertures illégales, des promotions mirobolantes (des hypermarchés), et du désintérêt de l’UMPS alors que ce sont des milliers d’emplois qui sont ainsi détruits.
Petits commerçants, notaient également la CFTC qui sont aussi « victimes de l’insécurité juridique dans les banlieues où l’on ne pratique pas la tolérance zéro pour les délits économiques comme les ouvertures illégales le dimanche ». Une offensive contre les commerçants et artisans d’autant plus criminelle que les commerces de proximité, au-delà du rôle économique qui est le leur, ont des vertus qui n’échappent plus à personne. Chacun sait qu’ils contribuent notamment à maintenir de la vie, des échanges, une animation dans les villages comme dans les quartiers des grandes villes. Le Front National dénonce depuis des années les attaques lancées contre le repos dominical, notamment au début du second mandat de Jacques Chirac par Jean-Pierre Raffarin et Patrick Devedjian. Bruno Gollnisch a notamment signé la déclaration du Parlement européen pour le maintien du repos dominical.
Beaucoup de spécialistes du monde économique n’ont d’ailleurs pas manqué d’affirmer que l’ouverture sept jours sur sept des magasins était l’archétype de la fausse bonne idée puisqu’elle ne saurait avoir un impact sur la relance de la consommation, sachant que le salaire des consommateurs reste le même et que la somme d’argent qui est dépensé sur six jours le sera désormais simplement sur sept… Mais au-delà des questions sociales et économiques, la fin voulue du repos dominical s’inscrit dans le cadre d’une attaque plus générale contre l’identité française.
Fort du soutien de la Chambre de commerce de Paris, Pierre Blanc, auteur d’un rapport favorable à l’ouverture des magasins le dimanche, avançait en juillet 2003 un argument massue qui est partagé par les représentants de la droite mondialiste : « la légitimité du repos dominical se base sur la tradition chrétienne. Or pour les musulmans, c’est le vendredi et pour les juifs, le samedi. Pourquoi ne pas laisser le choix au commerçant ? »… Bref, au-delà de toute considération matérielle, c’est le symbole même du dimanche, sa résonance au sein de notre civilisation, qui sont menacés par des personnes qui voient dans les traditions, les us et coutumes français, un frein insupportable à l’avènement d’une société où les individus seraient réduits au simple rôle de consommateurs déracinés et interchangeables.