Travail du dimanche (D&S) : l'exemple du Brésil

Au Brésil : travail du dimanche et travail de nuit

Démocratie et Socialisme, 01/01/09

Nous avons déjà argumenté dans D&S longuement sur tous les aspects néfastes pour les salariés, l’économie, l’emploi, la vie sociale, culturelle, citoyenne familiale, du travail le dimanche. Ouvrir le dimanche, supprimer le repos dominical, c’est du vandalisme social. Un de nos camarades syndicalistes, Gérard Marino nous envoie des arguments supplémentaires.

Il y a un autre argument possible contre la généralisation de l’ouverture des commerces le dimanche, c’est l’exemple du Brésil.

Là-bas, après avoir épuisé les gains de concurrence liés à une plus grande ouverture des magasins le dimanche, ils ont décidé d’aller encore plus loin… Plus loin. Oui ! Plus tard… !

Nombre de magasins sont ouverts la NUIT pour les mêmes raisons (et avec les mêmes conséquences) que celles qui sont invoquées en ce moment pour généraliser leur activité le dimanche.

France-Inter a organisé un débat sur le pouvoir d’achat en partant du livre « Travailler plus pour vivre mal et gagner moins » qui décortiquait le système WAL.MART aux USA. Cela nous ramène environ 30 ans en arrière lorsque les syndicats se battaient contre la généralisation du travail de nuit. Petit à petit, ils ont dû céder le terrain.

D‘abord les femmes ont été préservées mais pensez donc, des ressources humaines rémunérées en moyenne 30 % de moins, quelle aubaine, alors, au nom d’une prétendue égalité professionnelle homme-femme, ils ont imposé que les femmes aient accès au travail de nuit. Le travail de nuit comme le travail le dimanche n’est pas et ne devrait en aucun cas être la norme mais l’exception.

Mais aujourd’hui les 3 x 8 sont devenues la norme et demain ils veulent que ça le soit pour le travail du dimanche. Une telle ouverture des magasins n’augmentera pourtant pas le pouvoir d’achat des français, il y aura déplacement des achats au détriment du petit commerce vers les grandes surfaces et les franchisés.

Comme pour le travail de nuit où l’augmentation de la productivité il n’y aura aucun profit pour les salariés qui n’ont pas eu droit au gâteau. En 20 ans 10% en moins pour les salaires et 10 % en plus pour le capital.

Nous sommes au coeur même des causes de la crise actuelle. Crise qui ne touchera que les salariés, les riches en sortiront encore plus riches.

D’accord, actuellement déjà plus de 3 millions de salariés travaillent les diman-ches, dans des secteurs bien définis, la santé, le transport, l’audiovisuel, la police, la gendarmerie, les commerces dans les régions touristiques.

Demain, insidieusement, ce sera au tour des 23 millions autres salariés. Quel rapport avec le livre et WAL.MART ?

Au début des années soixante un petit épicier de l’Arizona a compris le premier l’avantage des codes barres et avec un slogan « Les prix les plus bas tous les jours » a créé un empire commercial qui a réalisé 374 milliards de chiffres d’affaires en 2007.

Les secrets de cette réussite ? Les prix les plus bas, oui, 20 % mais surtout les salaires les plus bas.

Le salaire d’un employé est de 8 dollars de l’heure soit 4 dollars de moins que le salaire le plus bas aux USA. Aucune protection santé, des conditions de travail plus dégradées que celles d’un discount européen. Des magasins immenses, 20000 m au minimum, ouvert 24/24 et 7/7. Plus de 140000 références contre environ 80000 pour un grand distributeur français. En début de chaîne écrasement des rémunérations des producteurs. Chez WAL.MART pas de protection sociale, ni de syndicat ; en Angleterre, dans un de ses magasins les employés se sont syndiqués, réponse de WAL.MART : fermeture immédiate du magasin. C’est la dictature du capital.

Qui d’entre nous, moi y compris, ne regarde pas à économiser 20 cts sur une plaquette de beurre, d’acheter son jean 15/20 moins cher sans se soucier d’en connaî-tre la provenance ?

Résultat : tout le monde court après les plus bas prix, c’est un réflexe naturel, et par là même ce tout le monde est constamment paupérisé par des salaires toujours tirés vers le bas.

C’est la chaîne infernale du capitalisme qui a su instaurer une dérégulation totale du marché et qui nous a plongé dans une crise économique et sociale dont nous ne connaissons pas encore les limites. Allons nous continuer, à l’image de la grenouille, nous laisser cuire à petit feu, quand allons nous sonner le tocsin de la révolte, la réforme a démontré ses limites.

Gérard Marino


Note : Dans les Bouches-du-Rhône, en dépit d’une bataille acharnée pour faire payer à la CGT son opposition au travail du dimanche, la CGT devient première organisation avec 38 % des voix à Plan de campagne et gagne 5,5 % alors que FO en perd 13% et la participation atteint 70 %.

Laisser un commentaire