Syndicalisme Hebdo, 20/02/09
Un salarié « démotivé » Dans une lettre ouverte aux syndicats, Loïc Le Brouster témoigne de sa «démotivation » et de son « mal-être ». Employé depuis sept ans dans l’hypermarché Géant de Salon-de-Provence, il a d’abord commencé à temps plein. En 2004, la direction lui a fait signer un contrat de 30 heures. Il gagne 900 € par mois. Ses demandes de passage à plein temps lui ont été refusées. Il se décrit aujourd’hui comme « un salarié sans perspective de carrière ». |
Un employé de Géant, dans les Bouches-du-Rhône, a été mis à pied pour ne pas s’être présenté à son poste un dimanche, alors qu’il n’était pas volontaire.
Le volontariat en matière de travail dominical dans la grande distribution n’est qu’une illusion. Loïc Le Brouster, employé au rayon Informatique de l’hypermarché Géant de Salon-de-Provence, en fait l’arrière expérience. Fin novembre 2008, Loïc envoie une lettre à sa direction lui signifiant qu’il n’est pas volontaire pour travailler durant les dimanches du mois de décembre. En vertu d’un accord de groupe la direction doit formuler un appel à volontariat par voie d’affichage et doit trouver d’autres salariés si cet appel se révèle insuffisant pour couvrir les besoins en personnel. Le 4 décembre, Loïc est reçu par la direction, qui lui indique qu’il sera peut-être amené à travailler l’un des dimanches de décembre « dans un souci d’équité ». Loïc Le Brouster répond alors qu’il ne viendra pas, s’étant arrangé avec ses collègues.
Le 19 décembre, la direction le convoque pour un entretien, lui reprochant de ne pas s’être présenté à son poste le dimanche 14 décembre. L’entretien se déroule le 26 décembre, la sanction tombe le 5 J anvier : trois jours de mise à pied. Au fait de ne pas être venu travailler, la direction ajoute un mauvais étiquetage du rayon Téléphonie, dont Loïc s’occupe, afin de justifier cette sanction. Loïc répond à la direction par courrier pour contester une sanction qu’il estime «disproportionnée. J’ai privilégié ma vie de famille, en ayant l’honnêteté de prévenir mes supérieurs », écrit-il
Respecter le choix du salarié. « L’appel à volontariat n’a pas été correctement effectué, indique Christian Gamarra, délégué syndical CFDT pour le groupe Casino. Lorsqu’un salarié ne veut pas venir, que l’on respecte son choix. Ce n’est pas au salarié de trouver un remplaçant s’il n’est pas volontaire. Nous allons contester cette décision devant les prud’hommes. La direction a voulu faire un exemple, à nous d’en faire un contre-exemple. »
Marc Kania, délégué syndical, ajoute que « les ouvertures le dimanche ont été abordées en comité d’entreprise en janvier 2008. La direction avait largement le temps d’organiser les volontariats. Mais nous sommes face à un directeur qui nous mène en bateau, qui tient un discours réglo en CE et qui agit différemment dans notre dos. C’est la première fois que nous sommes confrontés à une telle décision au sujet du travail dominical ».
L’histoire a bénéficié d’un important relais médiatique local, le 29 janvier, une trentaine de salariés de l’hypermarché se sont mobilisés àl’appel de la CFDT dans le cadre de la journée nationale d’action. Ils ont distribué une pétition contre le travail dominical qui a recueilli 300 signatures. Les militants ont également imprimé une affiche expliquant le cas de Loïc, diffusée dans tous les magasins Géant et Casino dans lesquelsla CFDT est présente. « Cette affaire est symbolique, explique Christian Gamarra. Il est faux de penser que les salariés veulent travailler le dimanche. Dès lors qu’ils ont une vie de famille, ils ne sont plus volontaires, même la carotte du salaire doublé ne suffit plus.»
Frédéric Delaporte