Il parle en son nom mais également au nom de la plupart des commerçants d’Altkirch. Le dirigeant de Jouéclub et prési- dent de l’association Altkirch-Traditions, Alain Bourgeois-Muller, dit non aux dimanches travaillés.
« Je suis contre les dimanches travaillés car je pense que c’est un gros et grave problème pour le petit commerce ». Alain Bourgeois-Muller argumente. « En premier ce sont les propriétaires des petits magasins qui vont en pâtir. Ils devront être présents alors que les grandes surfaces pourront se permettre des rotations de personnels. Les petits commerces ne pourront pas embaucher. Quand bien même, une création d’emploi, décemment, les patrons ne pourront pas laisser leur employé seul dans le magasin ».
Le travail du dimanche a aussi un coût. Paiement d’heures supplémentaires, plus l’équivalence en récupération sur le temps de travail hebdomadaire. « Déjà qu’avec les 35 heures, un employé ne travaille en moyenne que quatre jours par semaine ». De plus, Alain Bourgeois-Muller est loin d’être convaincu qu’une ouverture des commerces le dimanche augmenterait leur chiffre d’affaires. Il est même perplexe. « Le pouvoir d’achat des Français est en berne ».
Les 35 heures permettent à chacun de faire ses achats en semaine
En cette période perturbée par une crise financière sans précédent, « nous sommes déjà contents d’avoir réalisé un chiffre d’affaires correct en cette fin d’année ». Travailler plus pour gagner plus ? Le président d’Altkirch-Traditions privilégie « le côté humain » à celui de la rentabilité. « C’est plus important que le reste. Comment s’organiseront les personnes du monde associatif pour participer à leurs manifestations ? Et les sportifs, quand joueront-ils leurs matches ? Les liens familiaux en pâtiront également. Le dimanche est le jour où les membres d’une même famille se retrouvent. »
Sans oublier que le dimanche est aussi consacré aux cultes. Pour Alain Bourgeois-Muller, les jours ouvrés suffisent à faire les courses. « A-t-on oublié que les commerces sont ouverts du lundi au samedi, permettant à tout un chacun de faire ses achats ? En travaillant le dimanche, quand pourra-t-on espérer du repos ? »
S’il y a encore quelques semaines, la future loi préconisait de travailler 52 dimanches par an, « aujourd’hui, elle fond comme neige au soleil. Elle est réduite à peau de chagrin. Il ne serait plus question que d’ouvrir cinq dimanches par an ». Et Alain Bourgeois-Muller de s’interroger. « Lesquels choisir ? Seront-ils imposés ? » Un véritable flou artistique. L’examen du texte au Parlement prévu le 15 janvier a été une nouvelle fois différé. Problème de timing ? Retard mécanique ? Si Nicolas Sarkozy a fait savoir qu’il ne renoncerait pas au texte, aucune nouvelle date n’a été fixée pour réétudier ce dossier.
Il faudra une unité d’ouverture
Si la loi passe, « pourrons-nous nous entendre avec les commerces de Belfort par exemple ? Nous allons nous retrouver dans des situations pires que le vendredi Saint où le 26 décembre, deux jours chômés en Alsace et Moselle et travaillés dans le reste de la France. » Deux jours où les commerçants alsaciens et mosellans sont victimes d’une évasion de leur clientèle. « Il faudra absolument une uniformité. Si Pierre a le droit, Paul doit avoir le même ».
Bref, « C’est un véritable imbroglio. On est en train de soulever un lièvre alors que personne n’a rien demandé ». Alain Bourgeois et les dimanches travaillés :« Je suis prêt à agir contre et il semble que les députés défendront au mieux nos revendications ».