CAD Marianne 2 – Lundi 19 Janvier 2009 – 17:24 Régis Soubrouillard
Entouré de deux parlementaires, le secrétaire d’Etat à la consommation et porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, est venu saluer des manifestants qui s’étaient rassemblés devant l’Assemblée nationale, pour réclamer le vote du texte sur l’extension du travail dominical. Un symbole fort quand on connaît l’opposition à ce texte au sein même de la majorité…
Manifestation « Oui au travail le dimanche! »
par Luc-Chatel
L’agit-Prop aurait-elle changé de camp ? Nous n’en sommes pas là. Il n’empêche que l’UMP apprend vite. La semaine dernière, quelques centaines de personnes se sont réunies devant l’Assemblée nationale pour manifester en faveur du travail le dimanche.
Une manifestation organisée par la CGSD (Confédération Générale des Salariés du Dimanche), une association qui regroupe des salariés favorables à cette mesure.
Jusque là rien d’étonnant, encore que les esprits mal tournés ont pu y voir une nouvelle production des célèbres « manifs de droite » qui ont connu, en leur temps, un succès énorme sur Internet.
Le doute se fait encore plus grand quand on lit les slogans sur les affiches : « pas de boulot tue l’impôt », « touche pas à mon job », « le travail le dimanche a payé mes études », certains agitant des drapeaux « Leroy Merlin » ou « Go Sport ».
Luc Châtel harangue les foules
Le doute n’est plus possible quand Catherine Vautrin, vice-président de l’assemblée nationale et le député Richard Mallié, à l’origine de la proposition de loi sur la « dérogation au repos dominical » viennent saluer les manifestants, accompagnés du secrétaire d’Etat à la consommation, Luc Chatel. Il s’agit bien d’une véritable manif en faveur de la proposition de loi gouvernementale. Les personnes présentes sont de bonne foi, venues soutenir le gouvernement, pour leur pouvoir d’achat ou pour leur propre asservissement, selon les points de vue.
Le geste a ému jusqu’au sein du gouvernement. Ainsi, Luc Chatel, secrétaire d’Etat est venu afficher son soutien à ces travailleurs du dimanche : « Je suis venu vous dire que le gouvernement défendait le travail du dimanche, le gouvernement soutient cette proposition de loi parce que nous considérons qu’il faut donner au salarié la liberté de travailler le dimanche comme il le souhaite » lâche-t-il à la foule.
Un ministre, mégaphone en main, qui sort de l’Assemblée, vient « haranguer ses troupes » sur un texte reporté sine die, compte tenu de l’opposition qu’il suscitait au sein même de la majorité. L’image est inédite. Le symbole est fort.
Une manif d’adolescents pour le travail des enfants, soutenue par Bernard Laporte ?
« Son arrivée n’était absolument pas prévue » confie Philippe Barrau, l’attaché parlementaire de Richard Mallié, « Luc Chatel est venu apporter son soutien à des gens qui cherchent à faire entendre leur voix alors que le débat sur ce sujet est largement confisqué ».
On imagine déjà les déclinaisons possibles de ce nouveau mode de pression : des manifestations en faveur de la retraite à 75 ans, pour le déremboursement des médicaments au Service Médical Rendu « suffisant », des adolescents appuyés par le ministre de la jeunesse venus affirmer leur soutien au travail des enfants, des smicards s’insurgeant contre le salaire minimum ou encore des femmes critiquant le congé maternité (tiens, tiens…).
Tout cela paraîtra délirant. Mais prévoir le pire est parfois une sage précaution à prendre.