Assemblée . Incompréhension chez les sarkozystes après le recul sur le travail dominical.
Faut-il être contre les réformes du chef de l’Etat pour avoir le privilège d’être reçu à l’Elysée ? Plusieurs députés UMP posaient, hier, cette angoissante question. En bons soldats sarkozystes, ils s’étaient engagés à donner à ceux qui le souhaitent la liberté de «travailler plus», y compris le dimanche. Et voilà que lundi soir, le président de la République négociait un compromis qui donne largement satisfaction aux défenseurs du repos dominical (ouverture uniquement dans les zones touristiques, et là où«l’usage» est «constaté»).
Ce compromis, le député du Val-d’Oise Yanick Paternotte le garde en travers de la gorge. Associé à la préparation de la proposition de loi demandée par le gouvernement, il n’a pas apprécié de «découvrir dans la presse» que le texte avait été profondément remanié. Le député des Yvelines Jean-Michel Fourgous, UMP tendance ultra-libérale, a lui aussi regretté le dépeçage de la réforme. S’il n’avait pu travailler le dimanche dans sa jeunesse, il n’aurait pas pu se payer les études qui lui permirent de faire de la politique, a-t-il confié devant le groupe.«Une raison de plus d’être contre le travail dominical !» blaguait hier un élu.
Pour les députés UMP hostiles à la banalisation du travail dominical, le compromis de l’Elysée est une victoire. Marc Le Fur (Côtes-d’Armor) se garde de parler de «recul» du chef de l’Etat :«Nous avons eu un dialogue sur une question de société, dans le cadre d’un rapport moderne entre le Président et sa majorité.» Ce«rapport moderne», le chef du groupe UMP, Jean-François Copé, l’a baptisé «coproduction législative». Au risque d’agacer le gouvernement, il a pris l’initiative, lundi, de «faire des propositions pour débloquer la situation». Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, nouveau patron de l’UMP, a peu apprécié lui aussi de les découvrir dans la presse.
Les deux rivaux ont eu l’occasion de s’expliquer hier midi lors d’un déjeuner en tête-à-tête. Selon l’entourage de Bertrand, le chef du groupe et celui du parti sont convenus de «travailler ensemble notamment sur les questions de société». Copé vient de confier au député Hervé Mariton (Drôme) le soin de pallier la carence de réflexion de la droite sur ces sujets. Et Mariton ne cachait pas hier ses interrogations sur la solidité juridique du compromis «honnête mais bancal» conclu lundi à l’Elysée.