Le Progrès, 12/12/08
Pour ou contre le travail du dimanche, la question divise ou rassemble, mais pas forcément pour les mêmes raisons. C’est ce qu’a montré hier soir le grand débat Le Progrès – TLM – Lyon Plus
Contre, pour des raisons d’inefficacité économique. Emmanuel Dockes, ex directeur de l’Institut d’études du travail de Lyon et professeur de droit à Paris, s’est intéressé à l’exemple américain. « Ce sont des charges supplémentaires, des salaires en plus, pour un supplément de chiffre d’affaires hypothétique. Aux Etats-Unis les prix ont augmenté de 4 % et les salaires ont baissé ».
Pour Patrick Martin, là n’est pas la question. Le président du Medef Rhône-Alpes est un tenant de la liberté d’ouvrir tous les jours, même le dimanche, charge à la main invisible du marché de faire la preuve de son efficacité. « Si ça ne marche pas, les magasins fermeront, je plaide pour le droit à l’expérimentation ». .
Mais on est souvent trahi par les siens. Dans le public, Mme Boursier, représentant les magasins d’ameublement juge sur pièce : « Dans le Rhône, deux centres d’ameublement sur les 300 du département ne sont pas favorables, car ce n’est pas rentable ».
La question n’est pas seulement économique. La réforme proposée prend une portée symbolique parce qu’elle touche à notre rythme de vie. « Il y a un temps pour travailler, un temps pour se cultiver, un temps pour mener des activités associatives », relève le père Bruno-Marie Duffé, en plagiant l’Ecclésiaste de la Bible, « on est en train de faire du dimanche, un jour comme les autres ». L’aumônier catholique est contre, mais sa résistance tient au modèle de société sous-jacent à cette proposition de loi, « nous ne travaillons pas seulement pour consommer ».
François Turcas, président de la CGPME, prône un libéralisme tempéré. Il défend les artisans et les commerçants qui vont devoir affronter une nouvelle concurrence : « Le boucher, le pâtissier, le charcutier qui ouvrent tous les dimanches matin, vont-ils devoir payer double leurs salariés ? » Dans le public et du coté des internautes intervenant dans le débat, la division est générationnelle. Les jeunes sont pour. Etudiants, célibataires voient plutôt d’un bon œil une journée supplémentaire pour arrondir les fins de mois. Les familles et les retraités campent sur leur opposition. « Je ne crois pas à la fable du volontariat », lance Philippe Pihet, secrétaire général de Force ouvrière, « et les syndicats sont contre ».
Seul, Benoit Froment, président des jeunes de l’UMP, tente de défendre l’idée de Nicolas Sarkozy. « En période de crise économique, l’ouverture le dimanche favorise l’emploi, augmente le chiffre des commerçants, tout en laissant le choix au salariés ».
Un sujet qui vous intéresse de près :
Vous avez été nombreux à donner votre point de vue sur le site Internet du Progrès. Extraits :
Bernard Thierry, de Saint-Genis-Laval : « Ouvrir davantage de commerces le dimanche est une fausse bonne idée : cela va augmenter les frais généraux des magasins et donc le prix des marchandises (…) ».
Sophie Roy-Vapillon, de Chasselay : « Je suis opposée à l’ouverture des magasins le dimanche. Il nous faut un temps de respiration dans ce fonctionnement marchand (…) ».
Guy do Cao, Villeurbanne : « Je suis pour l’ouverture des magasins le dimanche, de 10 heures à 18 heures ».
Joëlle Signol, de Tarare : « Je suis contre. Les magasins sont ouverts le samedi, pourquoi ne pas y aller le samedi ? (…)».
Edwige Humbert, du Poizat : « Je suis totalement contre le fait de mettre en l’air la seule journée de repos en commun (…)».