AFP, 14/12
PARIS (AFP) — L’Assemblée débutera mardi l’examen du texte sur l’extension du travail dominical, sur demande expresse du président Nicolas Sarkozy et malgré l’hostilité conjuguée de certains députés UMP, de la gauche, des syndicats et des Eglises.
Un calendrier encore conditionné à l’achèvement des débats acharnés sur l’audiovisuel. Si le vote solennel sur ce texte est programmé mardi après-midi, l’opposition n’a pas dit son dernier mot. Rien ne garantit donc que la proposition de loi du député UMP Richard Mallié sur le travail dominical – qui ne pourra de toute façon pas être votée avant 2009 – ne sera pas encore un peu retardée.
« Quoi qu’il arrive, Nicolas Sarkozy fera tout pour qu’au moins on démarre l’examen du texte avant Noël. Il en fait une question de principe », a prévenu un parlementaire UMP.
Le chef de l’Etat a clairement rappelé mercredi aux députés UMP qu’il a « été élu sur la valeur travail » et qu’un « recul sur le travail du dimanche serait un symbole ».
C’est lui qui avait relancé le débat sur ce dossier épineux en demandant fin octobre à ses troupes de s’emparer au plus vite et « sans tabou » du texte, déclinaison d’une de ses promesses de campagne et de son slogan « travailler plus pour gagner plus ».
Signe d’un divorce avec une partie de la majorité sur les questions de société, M. Sarkozy doit affronter la fronde de députés UMP et Nouveau centre, dont une soixantaine ont publié deux tribunes dans la presse contre un risque de « généralisation » du travail dominical.
Le texte initial a dû être revu et corrigé si bien que le chef de l’Etat le juge désormais, en privé, « un peu court des pattes de derrière ».
Le dimanche, l’ouverture des magasins – les commerces alimentaires seulement le matin – sera désormais autorisée, sous certaines conditions, dans les zones touristiques et les agglomérations de plus d’un million d’habitants (Paris, Lyon, Marseille, Lille).
Gouvernement et responsables de la majorité se sont relayés dans les médias pour minimiser la portée d’un texte « technique », qui ne concernera pas « plus de 100.000 salariés supplémentaires » (sur plusieurs millions actuellement) et garantira le « volontariat » et le « paiement double » du travail dominical.
Cette dernière disposition n’est toutefois pas inscrite noir sur blanc dans le texte pour tous les cas de figure.
Au porte-parole du gouvernement Luc Chatel qui vante une « avancée sociale », le député UMP Yves Bur rétorque: « texte de régression sociale ».
Dix, 20, 30 ou alors une cinquantaine? Si elle est difficilement chiffrable, la mobilisation des députés UMP qui s’opposent au texte – certains seront reçus lundi par M. Sarkozy – « ne faiblit pas » si l’on en croit l’un d’eux, Philippe Gosselin.
La gauche promet elle de livrer contre cette « obsession » de Nicolas Sarkozy une bataille d’amendements encore plus féroce que sur l’audiovisuel, ravie par avance de pouvoir surfer sur les divisions de la droite.
« Ce n’est pas parce que le président s’ennuie le dimanche qu’il faut supprimer le repos dominical », ironise le patron des députés PS, Jean-Marc Ayrault, dans une formule qui a fait mouche dans la blogosphère.
L’opposition au travail dominical a entraîné des convergences inattendues, par exemple entre la laïque FO et la chrétienne CFTC, entre PCF et église catholique.
Les sondages sont eux assez contradictoires. Une nette majorité de Français approuvent ainsi l’ouverture des magasins le dimanche mais ils sont tout aussi nombreux à se dire attachés au repos dominical.