Thierry Benoit: ne pas remettre en question un compromis séculaire auquel les Français sont attachés

Thierry Benoit, 16 décembre 2008


Thierry Benoit, Député de la 6ème circonscription d’Ille-et-Vilaine.
Conseil général du Canton de Fougères-Sud.
Adjoint au maire de Lécousse.

La proposition de loi en faveur de l’aménagement du repos dominical est sur le point d’être examinée à l’Assemblée nationale, après près de six mois de tergiversations. Son orientation mercantiliste m’a amené à interroger dès le mois de juin le Secrétaire d’Etat en charge du Commerce, Hervé Novelli, sur la concurrence déloyale que représenterait une ouverture dominicale des grandes surfaces pour les commerces de proximité, qui réalisent jusqu’à un quart de leur chiffre d’affaires le dimanche.

Les défenseurs du projet se targuent de favoriser la relance économique du pays en facilitant la création d’emplois dans les zones métropolitaines et touristiques ouvertes au dispositif. Celle-ci est loin d’être établie dans la mesure où la hausse attendue de la consommation ne repose sur aucun élément tangible et que les Français tendent depuis plusieurs semaines à restreindre leurs achats par crainte du lendemain. Une ouverture dominicale des magasins risque dans ces conditions d’entraîner simplement un étalage dans le temps du volume d’achats réalisés chaque semaine par nos concitoyens. Doit-on pour ce simple motif remettre en question un compromis séculaire auquel les Français sont attachés ?

Concernant la dimension sociale du problème, les partisans de l’ouverture mettent souvent en avant le fait que les employés auront la liberté de choisir de travailler le dimanche. Tous ceux qui travaillent en entreprise savent que la pression commerciale fera voler en éclats le principe du volontariat en faisant peser un risque d’extension au dimanche de l’ensemble des activités gravitant autour de la sphère commerciale. Avec cela, disparaitront les activités dominicales traditionnelles qui constituent le « vivre ensemble » d’une société évoluée. Le dimanche est en effet le jour par excellence où les associations, familles et amis peuvent se retrouver dans un cadre préservé.

A un niveau philosophique enfin, la problématique de la place de l’Homme dans le système économique doit être prise en considération. L’Homme contemporain ne serait-il qu’un  consommateur, en proie à des pulsions d’achat incontrôlables ? Revenir sur le repos dominical constituerait à mes yeux une régression par rapport à l’héritage judéo-chrétien qui structure notre société. Le citoyen se retrouverait assujetti de la sorte à une logique bassement consumériste, qui lui ferait oublier que « l’Homme est la mesure de toute chose ». Autant d’éléments qui me conduiront à ne pas voter la proposition de loi de Richard Mallié, malgré les amendements qui y seront apportés.

Thierry BENOIT

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