Blog de Marc Le Fur, 9/12/2008
C’est un combat atypique que je mène depuis un mois avec une cinquantaine de parlementaires de la majorité afin de maintenir le principe du repos dominical. Pourquoi un tel combat ? En s’engageant dans le débat, nous avons la conviction profonde que la proposition sur l’ouverture des magasins le dimanche n’est pas une question technique mais plutôt une question éthique. S’il s’agissait d’une simple question technique, nous aurions pu imaginer des formules réglementaires permettant aux grandes surfaces actuellement ouvertes le dimanche à Marseille ou en région parisienne, mais il s’agit d’un texte législatif qui donne un coup de canif dans la loi de 1906 instaurant le repos dominical.
La question n’est pas de savoir comment permettre aux magasins qui ouvrent actuellement illégalement le dimanche de le faire en toute légalité. La question est de savoir si nous voulons une société entièrement tournée vers la consommation ou si nous voulons une société qui se ménage des temps de respiration sociale que chacun peut consacrer librement à sa vie de famille ou à la vie associative. Tout doit-il être marchand chez nous ou existe-t-il des espaces de gratuité ou chacun peut donner de soi gratuitement. Voilà une vraie question de société.
« Cela ne concerne que certains commerces dans certaines zones géographiques » me dit-on. Je sais par expérience qu’une commune dont les magasins seront ouverts le dimanche entrera en concurrence avec leurs voisines dont les magasins seront fermés et que celles-ci ne pourront pas résister longtemps à la pression. On me dit « Les droits des salariés seront scrupuleusement respectés et ceux-ci pourront refuser de travailler le dimanche ». Connaissez-vous beaucoup de salariés en mesure de s’opposer à leur employeur ? Est-ce d’ailleurs souhaitable de créer ce conflit dans l’entreprise ? On me dit enfin que « Cela ne concernera que quelques commerces ». Comment fera une maman qui devra travailler et qui vit seule avec deux jeunes enfants ? Elle demandera au Maire d’ouvrir la crèche et par capillarité, de nombreux secteurs d’activité seront touchés.
Le combat que nous menons n’est pas un combat de personnes mais un combat de valeurs. Si je m’y engage en toute connaissance de cause, c’est que je crois que certaines idées ne peuvent pas être bradées sur l’autel de position partisane. Je me réjouis d’être suivi dans ce combat par les maires de Lamballe et Loudéac.
Tous les jours, je reçois des courriers et des courriels de soutien qui me portent à penser que nous répondons à une attente réelle de nos concitoyens. Je me suis battu contre le principe des 35 heures qui était économiquement néfaste. J’adhère au principe du « travailler plus pour gagner plus » mais ce principe ne veut pas dire travailler tout le temps, 7 jours sur 7. Je crois au cercle vertueux de l’emploi et du travail. Je sais que le travail est un des facteurs essentiels d’insertion dans notre société. Mais je connais aussi la valeur sociale du dimanche en famille, au foot, en randonnée et pour ceux qui le souhaitent à l’église. Je crois profondément que des enfants ont le droit de voir leurs parents au moins une journée par semaine.
L’opiniâtreté est une qualité bretonne, me dit-on. Je ne suis comptable que devant mes électeurs
Marc Le Fur
Député des Côtes d’Armor
Vice-Président de l’Assemblée nationale