La République du Centre, 01/12/08
La députée Laure de La Raudière signe pour le repos dominical
Laure de la Raudière a signé en compagnie d’une cinquantaine de parlementaires de la majorité une tribune contre le travail dominical. Elle fait valoir des raisons sociétales et économiques.
Travailler pour plus pour gagner plus, d’accord. Mais pas le dimanche ! Épouse, maman, la députée UMP Laure de la Raudière veut se reposer le dernier jour de la semaine. « J’estime qu’il doit être consacré à la famille. C’est une journée repère » lâche la députée eurélienne qui, avec une cinquantaine d’élus de la majorité, participe à la fronde contre la proposition de loi du député UMP Maillé. Ils ont signé, il y a un peu plus de huit jours, dans Le Figaro, une tribune pour s’opposer à la mesure.
Ce n’est pas encore l’insurrection bleue mais ce petit caillou dans la chaussure, ce petit bruit parasite, agace dans les rangs de la formation présidentielle qui tolère mal les voix dissonantes. « C’est vrai qu’on reçoit une vraie pression pour rentrer dans le rang» ne cache pas Laure de la Raudière qui se défend de pratiquer une opposition frontale au texte de loi.
« C’est une manière préventive »
Si elle comprend les motivations, elle s’inquiète d’un texte qui pourrait enclencher un processus vers la généralisation du travail le dimanche. « Je suis consciente que beaucoup de personnes travaillent déjà le dimanche, que certaines zones commerciales sont saturées le samedi et que ce texte répond à des besoins touristiques. Mais je reste opposée à une banalisation du travail le dimanche. C’est une manière préventive de le faire », glisse la députée qui craint la mise en danger du petit commerce de proximité « qui réalise une part importante de son chiffre d’affaires le dimanche et pourrait en être privé en cas d’ouverture de grandes surfaces ». Si Laure de la Raudière agite la bannière de la contestation, ses collègues euréliens ne la suivent pas son combat.
Gorges : « Assez de légiférer sur tout »
En libéral qui s’assume, Jean-Pierre Gorges (UMP) milite pour un laisser-faire naturel. « Y en a assez de ces parlementaires qui veulent légiférer sur tout. Il faut libérer la liberté à tous », estime le maire de Chartres qui aimerait que sa « ville touristique » puisse ouvrir le dimanche ses échoppes aux visiteurs d’un jour. « S’il y a de la demande, les commerces ouvriront. Sinon, non. Tout cela va se réguler seul. Personnellement, le dimanche, je préfère être avec mes enfants où à la campagne plutôt que dans une grande surface. » Favorable « à la liberté d’entreprendre », Philippe Vigier (NC) délivre une vision « pragmatique ». « Je suis contre la généralisation du travail le dimanche mais pour un assouplissement des conditions actuelles. Je souhaite que cela se fasse sur la base du volontariat et du libre choix.»
La proposition de loi devrait être examinée par le parlement dans quelques jours Laure de la Raudière ne fera pas barrage. « Je ne voterai pas non. Mais je m’abstiendrai. »
A Chartres, commerçants et salariés sur la réserve
Moins 10 %, – 20 %, – 30 %. C’est une tradition séculaire : à Chartres, le dimanche de la Saint-André, les commerçants cassent les prix. Le chaland est content. Le vendeur, aussi, qui voit son salaire gonfler pour avoir sacrifié son sacro-saint repos dominical. « C’est bien, il y a du monde et on est mieux rémunéré », résume Nelly, vendeuse au magasin de sports Courir, en centre ville de Chartres.
Mais si elle accepte l’exception, elle refuse de voir le travail dominical devenir la règle. « Non, je ne serais pas intéressé. Il faut penser à la vie de famille. » C’est du reste le refrain repris en choeur par la totalité des gérants et vendeurs de magasins interviewés qui refusent de sacrifier vie de couple et vie de famille pour le seul tiroir-caisse. « On travaille déjà le samedi. On ne va pas en plus le faire le dimanche », lâchent Corinne et Cécilia du magasin Heure et Montres.
Chez Cop Copine, Émilie est partagée. S’interroge. « Je suis mère de famille alors ça ne m’intéresse pas. Après ça dépend, si c’est mieux payé. Mais bon, si je suis payée double mais que je dois payer la nourrice ? » Justement, chez Longchamp, une vendeuse se demande si la profession a beaucoup à gagner. « Comment fera-t-on par rapport à la convention collective ? Est-ce que ce sera plus intéressant pour le salaire ? Et puis je travaille déjà tard le soir. »
« Moi je préfère passer du temps en famille avec mes enfants le dimanche plutôt que d’aller pousser un chariot dans un magasin. Non, mais vous imaginez, quelle ouverture d’esprit on a avec ça ? », pousse comme un cri du coeur Odile Cornillère, la gérante du magasin Rigal qui a « toujours été contre » et refuse de mettre un orteil dans les magasins le dimanche, « sauf chez mon boulanger ».
Et puis les commerçants ne croient pas à une explosion des ventes par la seule grâce d’un jour ouvré supplémentaire. « Le dimanche, ce sont des promeneurs, note-t-on chez Longchamp, Nous, même pour la Saint-André, on n’ouvre pas. »
Thierry Châtellier