Dominique Baert est député du Nord et maire de Wattrelos
« L’ouverture du travail le dimanche est une erreur sociétale surtout! La course effrénée à la consommation contredit le mouvement vers une consommation raisonnée, sous-jacente au Grenelle de l’environnement. Le projet de société de ce gouvernement va à l’encontre de l’évolution du progrès humain. Proposer comme réponse aux salaires trop bas de ne plus prendre de RTT, de devoir faire des heures supplémentaires en semaine, de passer le dimanche à pousser le caddie en famille : c’est faire un choix de vie qui n’est pas acceptable, surtout lorsque les inégalités et les écarts de revenu progressent comme jamais. »
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Cher Monsieur,
Vous avez souhaité me faire part de votre opposition à l’ouverture du travail le dimanche. Je suis d’accord avec vous. Présentée de façon surprenante par la majorité gouvernementale comme une réponse à la crise, la libéralisation du travail dominical est une proposition de loi contestée par toutes les organisations syndicales, beaucoup d’organisations patronales et par nombre de parlementaires de tous bords.
Cette proposition de loi déposée par des députés de droite et soutenue par le gouvernement constitue une triple erreur: une erreur économique, une erreur sociale et une erreur sociétale!
Une erreur économique d’abord. En effet, ouvrir les commerces le dimanche ne relancera pas le pouvoir d’achat ni la consommation. On voit mal les salariés dépenser le dimanche l’argent qui leur manque la semaine, pour satisfaire à leurs besoins de première nécessité. Pire encore, le coût des salaires dominicaux que le gouvernement prétend doubler, provoquera une nouvelle hausse des prix déjà en forte augmentation. On peut aussi craindre que les distributeurs les mieux à même d’ouvrir leurs circuits le dimanche n’en profitent pour fixer des marges plus importantes. Au mieux, les achats dominicaux se substitueront aux achats de la semaine et la consommation sera un jeu à somme nulle.
L’ouverture du travail le dimanche est une erreur sociale ensuite! La remise en cause du repos dominical est combattue par les partenaires sociaux. La CGPME, l’UPA, les syndicats de salariés, y voient un nouveau coup dur porté aux commerces de proximité. Mettre en avant le volontariat du personnel méconnaît l’inégalité de la relation employeur/salarié, accrue en cette période de hausse du chômage, comme malheureusement tous les indicateurs le constatent. Au moment où tout appelle à plus de régulation, on ne peut croire à un effet positif d’une nouvelle déréglementation, alors même que les précédentes n’ont pas donné les effets escomptés.
L’ouverture du travail le dimanche est une erreur sociétale surtout! La course effrénée à la consommation contredit le mouvement vers une consommation raisonnée, sous-jacente au Grenelle de l’environnement. Le projet de société de ce gouvernement va à l’encontre de l’évolution du progrès humain. Proposer comme réponse aux salaires trop bas de ne plus prendre de RTT, de devoir faire des heures supplémentaires en semaine, de passer le dimanche à pousser le caddie en famille : c’est faire un choix de vie qui n’est pas acceptable, surtout lorsque les inégalités et les écarts de revenu progressent comme jamais.
Le gouvernement a beau jeu de prétendre s’en tenir à des cas géographiquement ciblés, le risque de généralisation est flagrant : en plus de la concurrence entre les acteurs, ouvrir des commerces le dimanche nécessitera de faire circuler des camions, d’ouvrir les crèches, d’assurer les services de sécurité et de maintenance, pourquoi pas des banques et des services aux entreprises…
Encore une fois, les victimes seront principalement les femmes, les travailleurs à temps partiel, celles et ceux dont la précarité les conduira à accepter les pires conditions de travail.
Député socialiste, je ne peux que combattre ce modèle de développement humain que veut construire la majorité de droite. Et avec mes collègues socialistes, lors de la discussion au Parlement qui commence la semaine prochaine, nous saurons nous opposer à ce texte et faire des propositions au gouvernement, portant en ce temps de crise majeure une ambition plus forte et plus juste au service des Français: « travailler mieux, pour vivre mieux ».
En vous assurant donc de ma compréhension, je vous prie de croire, cher Monsieur, en mes sentiments dévoués et cordiaux.
Le député-Maire
Dominique BAERT