Gens de France, 08/12/08
Dans une intervention télévisée consacrée au pouvoir d’achat des Français, le président de
Faut-il généraliser le travail le dimanche ? Évidemment non. Et je constate avec bonheur que bon nombre de Français, quelles que soient leurs convictions, quelles que soient leurs responsabilités, se prononcent contre un projet dont les conséquences seraient économiquement et socialement néfastes.
– Économiquement, rien ne permet d’affirmer que cette mesure créera de l’emploi. Il faut redouter, au contraire, qu’elle ne mette en péril les commerces de proximité et de centre-ville, dont beaucoup souffrent déjà de la concurrence de la grande distribution. Il faut aussi redouter que les salariés n’en tirent aucun profit réel et qu’à terme leur pouvoir d’achat n’y gagne rien : tôt ou tard, les entreprises reprendront dans la semaine ce qu’elles auront donné le dimanche.
– Mais surtout cette mesure mettrait en péril l’équilibre des familles, trop négligé par les pouvoirs publics. Elle précipiterait la désagrégation des communautés naturelles et, finalement, de la société en gênant l’organisation d’activités non marchandes essentielles à l’équilibre – et au bonheur – des hommes et des femmes de notre pays : rencontres sportives, manifestations associatives, repas de famille, loisirs culturels, sans omettre les pratiques religieuses.
L’objection que seuls les volontaires pourront travailler le dimanche ne tient pas. Au contraire, les chefs d’entreprise seront incités à privilégier l’embauche de demandeurs d’emploi prêt à travailler le dimanche sur ceux qui ont charge de famille et veulent s’occuper de leurs enfants ce jour-là. C’est la logique économique qui prévaudra sur l’intérêt de la société.
Il existe bien d’autres façons de relancer l’activité économique sans que les Français attachés à leur vie de famille en fassent les frais. Le taux d’occupation des jeunes et des seniors, on le sait, est l’un des plus faibles d’Europe. C’est un gâchis. Voilà un point sur lequel l’Etat doit peser de tout son poids : réformer le système éducatif de sorte que les jeunes convenablement formés qui arrivent sur le marché du travail n’y trouvent pas que des portes closes ; et favoriser l’emploi des « seniors » dont les entreprises se séparent trop souvent après 50 ans alors qu’ils sont à un niveau optimal de compétence et d’expérience.
Mais la question du travail le dimanche – après celle du lundi de Pentecôte – n’est pas seulement une question économique : c’est un choix de civilisation. Ne privons pas les hommes et les femmes de notre pays du droit de se reposer, à l’issue d’une semaine de travail souvent difficile. Ne privons pas les parents et les enfants du bonheur de se retrouver en famille. Ne privons pas les croyants de la faculté de pratiquer leur religion. Ne soumettons pas nos vies à la tyrannie de l’argent-roi et du time is money.
Parce que l’homme est bien plus qu’un consommateur, parce que la vie respecte le travail, mais est aussi bien plus que le travail, sauvons le dimanche.