Audiovisuel et travail du dimanche: l'UMP a du mal à serrer les rangs

AFP, 20/12/08


François Fillon devant les députés arborant à la boutonnière l’autocollant « Oui au repos dominical », le 17 décembre 2008 à l’Assemblée

PARIS (AFP) — Audiovisuel et travail du dimanche: la majorité parlementaire traverse une forte zone de turbulences en raison du pilotage difficile de réformes voulues et programmées par le seul président de la République.

Sur ces deux textes, l’UMP, pourtant prévue comme une machine de guerre de l’Elysée, et ses alliés centristes ont un mal fou à serrer les rangs au Parlement, au grand bénéfice de Martine Aubry qui n’en demandait pas tant pour remettre le PS en selle après les embardées post-congrès de Reims.

Dans la majorité, des voix s’élèvent aussi pour dénoncer la confusion des priorités à l’heure où la crise active tous les signaux d’alarme (récession, chômage, déficits).

« On a complètement cannibalisé notre plan de relance avec le travail du dimanche. Cela a un nom: cela s’appelle l’entêtement », s’agace un habitué des petits-déjeuners de la majorité à l’Elysée.

« Le président nous a dit qu’il ne voulait pas se faire enfermer dans le seul sujet de la relance », avance le député villepiniste Hervé Mariton, en soulignant que François Fillon suggérait l’inverse. « Il est indispensable et urgent de mieux définir les priorités. La priorité, c’est la crise ». « Je trouve que ce sont des débats inutiles », lance l’ex-Premier ministre Dominique de Villepin, peu enclin à faire des cadeaux à Nicolas Sarkozy sur fond d’affaire Clearstream.

Les députés UMP ont surtout été exaspérés par la réforme de l’audiovisuel, « inopportune et maladroite. Il n’y a qu’à voir le résultat du vote. Cela a creusé le fossé entre Sarkozy et le groupe », selon une source parlementaire UMP.

La réforme a certes été votée mercredi à l’Assemblée, mais 50 voix ont manqué au compteur de la majorité. Et pour la première fois, une majorité des députés Nouveau centre (NC, allié de l’UMP) a dit non.

« François Baroin a libéré la parole », ajoute-t-on. Ce chiraquien a publiquement dit au chef de l’Etat à l’Elysée tout le mal qu’il pensait de la nomination/révocation du PDG de France Télévisions par l’exécutif.

Et ce n’est pas fini. Au groupe UMP, on pronostique que « le débat sera beaucoup plus agité dans la majorité au Sénat qu’à l’Assemblée ». Un autre ex-Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, dramatise en affirmant qu' »il n’y a pas de majorité sénatoriale pour ce texte » avant son examen le 6 janvier.

Au Sénat, l’UMP ne dispose pas de la majorité. Les centristes traînent des pieds et certains radicaux sont contre la nomination/révocation des responsables de l’audiovisuel public en Conseil des ministres.

La messe n’est pas dite non plus pour le texte sur le travail du dimanche, qui a viré au psychodrame.

Acte 1: fin octobre, Nicolas Sarkozy remet l’extension du travail dominical sur le tapis dans son discours sur l’emploi à Rethel (Ardennes).

Acte 2: l’Elysée exige le vote du texte avant Noël mais le patron des députés UMP Jean-François Copé doit gérer une fronde d’élus UMP attachés au repos dominical.

Acte 3: déjà « courte des pattes de derrière », dixit Sarkozy, la proposition de loi Mallié fait l’objet d’un compromis qui réduit fortement sa portée.

En fin de séquence, M. Copé obtient le report à 2009 des débats face à la gauche très mobilisée au point de menacer la majorité en cas de passage au vote.

« Le président n’aura pas son cadeau de Noël », jubile le patron des députés PS Jean-Marc Ayrault. Autre victoire symbolique pour la gauche: Nicolas Sarkozy s’attaque frontalement à elle en l’accusant de semer « la pagaille ».

 

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