Et si les commerces ouvraient le dimanche ?
Pour ou contre l’ouverture des magasins le dimanche ? Les Saint-Lois concernés donnent leur avis.
Place du commerce. Le sujet revient sur le tapis chaque fin d’année. Cette fois, un député propose de légiférer pour plus de dimanches travaillés. Qu’en pensent les Saint-Lois ?
Que dit le député Richard Mallié ? L’élu UMP a déposé une proposition de loi pour stimuler à l’année les dérogations au repos dominical. Il jure que l’objectif n’est pas de « généraliser le travail le dimanche » mais de trouver « un point d’équilibre entre le principe du repos dominical et l’urgence de faire évoluer la législation pour l’adapter aux réalités du XXIe siècle ».
Jean-Pierre Eudes, coiffeur, président de Saint-Lô commerce. Pour lui, c’est une question de culture et de style de vie. « À Paris, travailler et consommer le dimanche est courant. En province, je ne crois pas que la clientèle est prête à consommer aussi le dimanche. Les personnes qui pousseront leurs chariots dans les grands magasins ne sont pas forcément celles qui ont le plus gros pouvoir d’achat. Et en centre-ville, les magasins ne sont pas structurés pour ouvrir. Moi le premier, je n’ai pas envie d’être au travail ce jour-là ! »
Qu’en disent les syndicats ? Lionel Lerogeron, secrétaire départemental de la CGT : « Nous sommes contre le principe, mais il ne faut pas pour autant condamner les salariés qui achètent ce jour-là pour bénéficier de promos, vu la faiblesse de leur pouvoir d’achat. De même, des jeunes peuvent être intéressés à travailler le dimanche dans un magasin pour se faire un pécule. » (Nous signalons à M. Lorgeron que le travail dans des sociétés illégalement ouvertes le dimanche n’est pas la seule solution proposée aux étudiants : il existe de multiples solutions légales : chez Mac Do, réceptionniste d’hôtel, temps partiel en entreprise, stage d’été, etc NDLR)
Yann Perrotte, secrétaire départemental de Force ouvrière : « À chaque fois qu’une mairie nous consulte pour avis, nous disons systématiquement non. D’une part, parce qu’il est impossible de se prononcer au cas par cas. D’autre part, on parle de volontariat, mais les salariés ont-ils le choix ? La loi risque aussi de banaliser la notion de travail le dimanche et tout le monde finira par travailler ce jour-là. Et puis, c’est la mort assurée du commerce rural du dimanche matin qui ne pourra rivaliser avec les grandes surfaces. »
Et les supermarchés ? « Vous aurez sans doute autant de réponses que de directeurs de grandes surfaces, confie Laurent Letourneur, directeur du Leclerc. L’ouverture le dimanche est une question délicate, qui touche à la vie de chaque citoyen. C’est un débat de société qui va au-delà de la grande distribution. »
Le maire et président de la communauté de communes. François Digard(UMP) se dit très réservé sur cette proposition pour Saint-Lô. « On peut concevoir que dans de grandes agglomérations l’ouverture des commerces le dimanche soit utile. » Mais pour lui, cette mesure ne doit pas être généralisée à l’ensemble du territoire français. « Je pense surtout que les grands distributeurs pourront s’adapter, car ils ont beaucoup de personnels. Mais pour les commerces traditionnels, de centre-ville, qui ont peu ou pas de salariés, ce sera plus contraignant. Avec les 35 heures, les gens ont quand même du temps et les commerces sont déjà ouverts 6 jours sur sept. Ça me semble largement suffisant. »