La question revient régulièrement sur le tapis depuis la mi-octobre : faut-il assouplir la législation sur le travail dominical ? Une proposition de loi est en cours de préparation pour la fin d’année. Mais les Lensois, patrons, salariés ou clients, y sont-ils favorables ? Pas certain. Premiers éléments de réponse.
La Voix du Nord – 3/11/08 Romain Musart rmusart@lavoixdunord.fr
Ouverture exceptionnelle des magasins hier à Lens. C’est la première fois que tant d’enseignes ont ouvert leurs portes un 1er novembre. Des ouvertures exceptionnelles, il y en aura encore d’ici à la fin d’année. Notamment les dimanches à l’approche des fêtes. Mais à en croire certains professionnels, exceptionnelles ces ouvertures sont et exceptionnelles elles doivent rester. Car la question d’un assouplissement de la loi sur le travail du dimanche reste d’abord une question de moyens.
Bruno Rosik, président du nouveau club des commerçants, Shop’in Lens, en entend parler depuis quelque temps. Pas en bien. « Même si une loi passe, la plupart des commerçants indépendants n’ouvriront pas le dimanche. Ils n’en ont ni les moyens humains, ni financiers pour payer le personnel en plus. » Des bras dont tout commerçant a déjà besoin le restant de la semaine. Pour Bruno Rosik, lui-même restaurateur, cela ne fait aucun doute : si on autorise l’ouverture du dimanche, les principaux bénéficiaires seraient les enseignes de la grande distribution. « Parce qu’elles, elles auront les moyens d’ouvrir. »
Autre argument avancé par le gouvernement pour assouplir la loi : augmenter le pouvoir d’achat des salariés qui seraient payés plus en travaillant le dimanche. Là encore, des Lensois s’interrogent ; si celui des clients n’augmente pas, pourquoi ceux-ci iraient dépenser plus le dimanche ? C’est la question que se pose par exemple Guy Delcourt : « Si le contenu du porte-monnaie n’évolue pas, je ne vois pas le réel avantage d’une ouverture des commerces le dimanche. C’est le pouvoir d’achat qui commande. » Un avis partagé par les indépendants lensois. Bruno Rosik va plus loin et tente une projection dans l’avenir. « Au final, si ceux qui en ont les moyens ouvrent leurs magasins, et les autres pas, dans les rues de Lens, il y aura trois enseignes ouvertes par-ci, trois autres par-là, etc. Cela ne ressemblera à rien. » Pour l’instant, les commerçants souhaiteraient juste ouvrir leurs enseignes quelques dimanches supplémentaires dans l’année. Mais pas d’une systématisation de l’ouverture dominicale. Peut-être l’arrivée du Louvre à Lens changera-t-elle la donne « Mais d’ici là, il sera toujours temps de s’adapter. »