Un article de la revue Famille Chrétienne – oct 2008 – Samuel Pruvost
Un leader de la CFTC brave le gouvernement au nom du repos dominical
C’était un dimanche après-midi. Le 12 octobre, à Thiais (Val-de-Marne). Un homme à moustache se met en travers de la route de Xavier Bertrand devant le centre commercial où le ministre des Affaires sociales doit faire mousser un sondage paru dans le JDD. Soixante-sept pour cent des français favorables au travail du dimanche ? Un sondage « bidonné », une « manipulation », tempête l’intéressé. Joseph Thouvenel, 50 ans tout rond, est venu dénoncer l’ouverture illégale des grandes surfaces le dimanche.
Un activiste ce Thouvenel ? Non, un syndicaliste chevronné de la CFTC, une sorte de croisement entre Léon XIII et Emile Zola. Prévenu à la dernière minute par un militant du Val-de-Marne, Joseph est venu mettre son grain de sel dans le bain médiatique : « en vérité, les français ne veulent pas travailler le dimanche, ils veulent gagner plus d’argent ! »
Bien ancré au sein de l’actuelle équipe dirigeante de jacques Voisin (1)-son patron devrait être réélu le 28 octobre -Joseph se bat pour le jour du seigneur et le repos des travailleurs. Sa pétition sur le site de l’UD-CFTC Paris (2), a déjà recueilli près de huit mille signatures.
Aux journalistes de France Télévision qui filment son échange avec le ministre, Joseph demande s’ils sont payés davantage le dimanche. « Ben non… » Première question, première victoire. « Les combats perdus sont ceux qu’on ne mène pas ! », affirme notre trublion.
Petit dernier d’une famille de sept enfants, Joseph a grandi dans une famille catholique pratiquante, à l’ombre d’un père médecin qui soignait gratuitement les pauvres. Ce cancre brillant ne passera jamais son bac. Il commencera sa carrière dans des entreprises de nettoyage. Joseph entre dans le syndicalisme comme on entre en religion, quand il a découvert qu’une lettre de licenciement étaient capable de tuer un vieux collègue. En 1982, il devient délégué syndical dans une boite d’agent de change, bûche le droit en cours du soir. Et monte les étages de la CFTC. Aujourd’hui, père de deux jumeaux, Joseph sait distinguer le spirituel et le temporel. Mais refuse de les séparer. « Le repos dominical a de l’avenir !, assure-t-il. Ce qui a terriblement vieilli, c’est le modèle néo-libéral. »
(1) Ensemble, militer autrement, par Jacques Voisin
(2) www.cftc-paris.com