Le saviez-vous ? Luc Chatel écrit dans « Témoignage chrétien » ;=) ! Aurait-il été subitement touché par la grâce, ou s’agirait-il d’un homonyme ?! |
L’espoir et la gauche, par Luc Chatel
L’élection de Barack Obama aura eu des conséquences inattendues. Il a suffi d’un jour, ce fameux 4 novembre 2008, pour bouleverser quelques repères bien ancrés dans le paysage politique et renverser quelques réflexes parfaitement huilés par des années d’usage. Ces repères étaient ceux d’une Amérique représentée comme un terreau de régression morale (guerres de civilisation, peine de mort, culture industrielle) et de conservatisme politique (Bush père et fils, lobby néo-conservateur) au regard desquels la France se distinguait comme une terre de lumineuse culture (cinéma indépendant, goût des lettres et de la philosophie) et de démocratie éclairée (référendums inattendus, élite interpellée, extrême droite anéantie, enthousiasme « sarkophile » transpartisan). Tout cela nourrissant un réflexe anti-américain largement partagé. Et patatras… qu’observe-t-on en l’espace de quelques semaines ? Un peuple américain qui suscite une dynamique de changement inédite, qui fait rêver le monde jusque dans ses recoins les plus désespérés. Inconnu voilà un an, Barack Obama a réussi sur son nom seul à faire des États-Unis un exemple historique en matière de fraîcheur démocratique et de volontarisme politique (cet élan est symbolique pour l’instant, mais que seraient les institutions politiques sans cette force-là…). L’Amérique devient un modèle par la grâce d’une gauche démocrate rassemblée.
Et pendant ce temps, que se passe-t-il en France ? La rupture promise par Nicolas Sarkozy s’embourbe dans une économie défaillante aggravée par des politiques sociales inégalitaires et archaïques (bouclier fiscal, retraites, travail dominical) et l’alternative à gauche se ridiculise entre incantations révolutionnaires médiatiques (Olivier Besancenot) et rivalités intestines socialistes. Résultat : la démocratie s’éteint, la gauche se dilue et l’espoir disparaît. Grâce à Barack Obama, on voit aussi heureusement s’éteindre le réflexe anti-américain primaire, partagé aussi bien par des courants de droite que de gauche. Le contraste est saisissant entre cette Amérique qui s’est remise à croire au progrès social et notre pays en train de perdre ses dernières illusions de changements politiques. À se contempler dans le miroir américain, on se prend aujourd’hui à rêver d’une accélération du renouvellement de la classe politique française, et de son ouverture aux couleurs de la diversité culturelle et sociale.