Alsace d’abord, 6/11/08
En pleine crise financière mondiale, à la veille d’une très grave récession économique, Nicolas Sarkozy et le gouvernement Fillon ont décidé de mettre en œuvre le projet du travail le dimanche. Au moment où le pouvoir d’achat des Français ne cesse de diminuer, au moment où une grande partie de la population se retrouve en état de surendettement, Sarkozy choisit d’abolir le repos du dimanche et d’autoriser l’ouverture des commerces sept jours sur sept.
Sarkozy a lancé plusieurs de ses ministres et députés à la manœuvre.
Luc Chatel, secrétaire d’État chargé de l’industrie et de la consommation, porte-parole du gouvernement, et Xavier Bertrand, ministre du Travail, ont expliqué avec beaucoup d’aplomb aux téléspectateurs, et sans rire, que l’ouverture des commerces le dimanche était « un moyen efficace de lutter contre la crise ». Xavier Bertrand a oublié qu’il est aussi ministre de la Famille et de la Solidarité.
Ce projet est néfaste et dangereux. Nous devons nous y opposer de toutes nos forces.
Protéger un acquis social
Le congé le dimanche est un acquis social, un pacte passé entre le patronat et les syndicats, entériné par la loi du 13 juillet 1906 qui rend obligatoire le repos hebdomadaire du dimanche. Changer la loi sur cette question équivaudrait à rompre le pacte social. Tout naturellement, les syndicats y sont résolument opposés. Même les organisations patronales se montrent plutôt discrètes. En Alsace et en Moselle, le droit local interdit l’ouverture des commerces le dimanche en vertu de l’article 146 de la loi du 26 juillet 1900.
Les faux arguments de l’UMP
Pour justifier leur projet, les hommes de Sarkozy mettent en avant deux arguments particulièrement spécieux : le respect du volontariat et l’intérêt du consommateur. Parler de volontariat est une tromperie. Pensez-vous vraiment que la caissière ou le technicien de surface, face au dirigeant de l’hypermarché qui les emploie, aura le libre choix absolu de travailler ou de ne pas travailler les dimanches ? Quant à l’intérêt du consommateur, de quoi parle-t-on ? De l’intérêt de consommer toujours plus, de s’endetter encore plus en faisant chauffer la carte Accord Auchan, la carte Pass Carrefour, la carte Cora ? En réalité, ce que défend l’UMP, c’est la doctrine consumériste chère aux financiers et aux actionnaires des grandes entreprises.
Quelle conception de la vie sociale ?
Nous refusons le travail le dimanche car nous avons une plus haute conception de la vie sociale et familiale. Nous avons tous besoin d’un jour différent pour faire autre chose que produire et acheter. De quoi nos enfants ont-ils besoin ? D’une promenade en famille dans les Vosges ou des files d’attente derrière les caisses des hypermarchés ? Et que deviendront nos associations de pêche, les clubs de foot et autres associations de sport si la moitié de leurs membres se pressent dans les parkings des grands magasins ? L’Alsace a la chance d’avoir un réseau très riche d’associations vivifiantes. L’ouverture des magasins le dimanche leur porterait un coup fatal.
Ils vont tuer les commerces de proximité
Nous refusons l’ouverture des grandes surfaces le dimanche car cela entraînerait la fermeture accélérée des petits commerces et magasins de proximités dans les centre villes, avec pour conséquence la dislocation du tissus économique et social dans le cœur des villes et la destruction de nombreux emplois. Ceci vient anéantir l’un des arguments de Xavier Bertrand qui prétend en effet que l’ouverture des commerces le dimanche serait bon pour l’emploi.
Nous refusons le travail le dimanche parce que nous avons le sens des responsabilités environnementales. L’ouverture des magasins le dimanche, ce serait le retour des camions sur nos routes, ce serait les mêmes embouteillages et la même pollution qu’en semaine.
Pas de régression sociale
Nous refusons le travail le dimanche pour des considérations sociales. Qui fera les frais de l’abandon du repos le dimanche ? Ce sont les soi-disants « volontaires », ces salariées féminines le plus souvent, mal payées, à qui l’on impose par ailleurs des temps partiels qu’elles n’ont pas choisi. Ce sont ces mères de famille qui pour le moment encore ont le bonheur de pouvoir passer le dimanche avec leurs enfants.
L’heure est grave. Il ne faut pas sous-estimer la portée de ce projet pernicieux. Sarkozy pousse ses pions pour nous conduire vers une société de consommation à tout prix, vers une société superficielle et matérialiste dans laquelle la famille traditionnelle n’aura plus sa place. Ce projet est aux antipodes de l’esprit alsacien, de nos valeurs et de nos traditions. Il reste quelques députés que l’abolition du repos dominical choque aussi. Ces parlementaires, qui brandissent aujourd’hui leur sabre de bois, sauront-ils s’opposer jusqu’au bout ? Il y a tout lieu de craindre qu’ils fléchissent. Alors, disons-leur haut et fort ce que nous voulons. Écrivons-leur.