La Fédération Nationale des Centres Villes (FNCV) tente une analyse Pour/Contre de la question du travail du dimanche. |
La FNCV analyse les arguments en présence
Site FNCV /Communiqué Nov 2008
« L’OUVERTURE DU DIMANCHE » QU’EST-CE QU’EN PENSE LA FNCV ?
LA FIN DU COMMERCE DE PAPA ?
Nous vivons dans une société en pleine mutation et nous sommes tout à fait conscients d’une évolution inéluctable des habitudes des commerçants qui doivent en permanence s’adapter aux nouveaux modes de « fonctionnement » des consommateurs. Cette évolution se situe dans le cadre d’une quadruple révolution planétaire :
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révolution financière
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révolution économique
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révolution technologique
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révolution écologique
Tous ces bouleversements affectent le comportement de chacun d’entre nous et nos usages historiques sont remis en question.
C’est pourquoi, nous tentons, avec la plus grande prudence et une totale modestie de détecter de quoi sera fait le commerce de demain.
On peut en tout état de cause, constater que ni la démographie, ni le pouvoir d’achat ne sont d’évidence en augmentation. On ne voit donc pas d’où viendrait un accroissement éventuel de la consommation en cas d’extension des horaires d’ouverture.
En ce qui concerne ce débat résurgent de l’ouverture des commerces le dimanche, nous détectons des arguments « pour » et des réalités « contre », tout ceci s’intégrant dans une problématique réelle d’évolution de la société et non pas simplement du commerce.
I. ARGUMENTS « CONTRE »
Si on examine objectivement les arguments « contre », on doit reconnaître qu’ils sont nombreux.
1. Un problème économique
Etendre les amplitudes d’ouverture entraine une augmentation obligatoire des charges et notamment des frais de personnel. Dans l’état actuel de la législation sociale, ouvrir un dimanche coute 3 fois plus cher qu’ouvrir un jour de semaine, (journée payée double et récupérable), les frais divers, (chauffage, éclairage…) grossissant également.
Il faut bien sur aussi augmenter les frais de communication pour faire connaître au public les nouveaux horaires d’ouverture.
Tout ceci entraine une augmentation évidente des charges qu’il faudra bien répercuter sur le prix final du produit, sauf à générer une hausse importante de chiffre d’affaire, ce dont on peut douter si tout le monde pratique l’ouverture.
Dans une période de baisse de pouvoir d’achat, serait-il raisonnable d’augmenter les prix, alors que par ailleurs on s’échine à les faire baisser ?
2. Un problème social
Même si, dans la théorie, on parle de volontariat, celui-ci a ses limites et, faute de volontaires, on arrivera très vite à un volontariat … plus ou moins obligatoire. Sauf à engager un personnel dominical spécifique à cette journée, mais si cela est relativement facile pour des produits basiques ou de faible coût, il sera beaucoup plus difficile de trouver du personnel temporaire qualifié et compétent pour vendre des produits haut de gamme ou à haute technologie.
3. Un problème spécifique aux centres-villes
Il est tout à fait illusoire de croire que nous pourrons mettre tout le monde d’accord sur de telles décisions d’ouverture. Le commerce de centre-ville est en effet constitué de commerçants indépendants isolés, de commerçants indépendants franchisés, de succursalistes, de grands magasins ou de centres commerciaux, qui n’ont ni les mêmes périodes de vente, ni les mêmes clientèles. Chacun souhaitera prendre sa décision à titre individuel ou suivre les instructions du groupe dont il dépend.
Nous offrirons donc une image très négative au visiteur de la ville qui 2 fois sur 3 se heurtera à des rideaux baissés ou à des portes closes. Il sera donc impossible d’avoir une communication globale et de diffuser un message cohérent.
4. Un problème de société
Faire travailler un grand nombre de personnes le dimanche suppose une remise en question de tout le fonctionnement d’un centre-ville et de la façon dont on y accède. Les crèches seront-elles ouvertes pour garder les enfants des personnes qui travaillent ; les administrations répondront-elles à la demande du public qui sera en ville ce jour là ; les transports en commun seront-ils adaptés à de nouveaux horaires ; les professions libérales, les services seront-ils ouverts ou fermés ? …
Il s’agit donc, à l’évidence, d’un véritable problème d’organisation de la société et non pas seulement d’une question d’ouverture ou de fermeture de commerce.
5. Un problème de concurrence loyale
Il est clair que tout le monde n’aura pas les mêmes armes pour répondre à ce challenge. Les petites unités reposant sur une ou deux personnes auront, bien sur plus, de difficultés à s’adapter que les grandes structures qui peuvent jouer par roulement avec un personnel moins qualifié.
II. ARGUMENTS « POUR »
1. Un atout : le tourisme urbain
Nous voyageons tous de plus en plus du niveau régional au niveau international, et notamment les week-end. Cette clientèle de « touristes urbains » est particulièrement intéressante pour nos centres-villes historiques, et il est vrai qu’il est consternant de se déplacer dans une ville aux rideaux baissés. Il convient donc de discerner quels types de produits ou quelles enseignes sont susceptibles d’intéresser la clientèle touristique.
2. Une opportunité : le temps libre
Il existe déjà de nombreux commerces ouverts le dimanche et qui profitent d’une clientèle disponible, détendue et prête à consommer. C’est vrai pour les métiers de bouche, les fleuristes, certaines boutiques cadeaux, les marchés hebdomadaires … Généralement, d’autres commerces à proximité en profitent, suivant les produits qu’ils proposent, pour ouvrir également. Il y a donc inévitablement des réussites commerciales ici ou là. Il y a également les gros centres commerciaux ou certains magasins dits « d’usine » qui font jusqu’à 30% de leur chiffre ce jour là, bénéficiant de temps libre qu’ont leurs clients pour les fréquenter, mais bénéficiant aujourd’hui encore du fait qu’ils sont les seuls ouverts, donc sans concurrence ce jour là.
CONCLUSION
On voit que la balance penche résolument du coté « contre ». Notre fédération ne fait que constater des évidences. Il faut bouger, évoluer, s’adapter, mais nous ne pourrons le faire qu’après une réflexion commune sur la nouvelle société que nous souhaitons, et qui est en train, qu’on le veuille ou non, de s’imposer à nous.
Pour éviter d’être négatif et si nous voulons tenter d’aller dans le sens d’une évolution et plutôt que de prendre des mesures généralistes applicables à l’ensemble du territoire, nous faisons la proposition suivante :
Maintien de la législation actuelle des 5 dimanches par an mais possibilité de mettre en place des d’expériences terrain d’ouvertures dominicales ponctuelles sur la base du volontariat soit d’une rue ou d’un quartier, voire d’un centre-ville. Ces tests devraient être accompagnés afin de communiquer et de donner une « carotte » pour motiver à la fois les commerçants à y participer et les consommateurs à y adhérer. En fonction des résultats obtenus, ces expériences pourraient être étendues à d’autres villes.
En tout état de cause, nous considérons qu’imposer aujourd’hui une réglementation nationale, se révélera peu opportun et difficile à mettre en application. Il suffit de regarder ce qui a été décidé cette année pour le meuble : une autorisation nationale d’ouvertures dominicales et, immédiatement derrière, des arrêtés préfectoraux annulant ces autorisations (à la demande des fédérations départementales du meuble).
Pour conclure, il est certain que la ville de demain ne ressemblera que très peu à celle que nous connaissons aujourd’hui et ce n’est pas seulement autour, ou à partir du commerce que doit se faire cette évolution. Ce serait, pour le moins, prétentieux de le croire …
CONTACT :
Jean-Pierre LEHMANN
Président de la FEDERATION NATIONALE DES CENTRES VILLES
53 rue Stanislas – 54 000 NANCY – 03 83 46 69 30 – fncv@fncv.org