Volontaire et mieux payé, c’est ainsi que le ministre du Travail, Xavier Bertrand, entend promouvoir le travail le dimanche. Il a réaffirmé être favorable à l’assouplissement des règles en la matière, dimanche sur France 2.
En compagnie de Luc Chatel, secrétaire d’Etat chargé de la Consommation, le ministre s’est rendu dans l’après-midi au centre commercial Thiais Village, à Thiais (Val-de-Marne), pour y dénoncer «l’absurdité de la législation» sur le travail dominical.
A Thiais, une bataille juridique oppose syndicats et enseignes commerciales. Vingt dérogations préfectorales ont été accordées en août pour permettre à certains magasins d’ouvrir le dimanche, mais les syndicats CFTC et FO les ont contestées au tribunal administratif. L’appel étant suspensif, les magasins de ce centre, hormis Ikea, sont dès lors soumis à des astreintes s’ils ne se conforment pas à la loi.
«Il faut donner la possibilité de travailler le dimanche, mais sur la base du volontariat», a affirmé Xavier Bertrand, insistant aussi sur la nécessité de «garanties» pour les salariés. Le travail le dimanche «doit être mieux payé», a-t-il ajouté, précisant être favorable à une rémunération «double» ce jour-là.
Selon un sondage Ifop Publicis pour le Journal du dimanche, 67% des Français accepteraient de travailler le dimanche si leur employeur le leur proposait. Cela «montre que les esprits sont en train d’évoluer, parce qu’il y a un an, le pourcentage était inférieur», a souligné Xavier Bertrand. En octobre 2007, 51% des Français disaient être favorables au travail le dimanche, selon un sondage Ifop. Le travail le dimanche est interdit en France hors dérogation. De nombreuses enseignes ouvrent le dimanche depuis des années, sans en avoir l’autorisation.
«3,5 millions de Français travaillent le dimanche»
«Si les règles ne changent pas, des dizaines et des dizaines de milliers de salariés vont y perdre», dit-il encore, estimant qu’«il y aura un moment où les grandes enseignes en auront assez et fermeront». Le ministre a rappelé qu’«3,5 millions de Français travaillent aujourd’hui le dimanche et 7 millions occasionnellement».
Pour sa part, le secrétaire d’Etat chargé de l’Industrie et de la Consommation, Luc Chatel, estime que le travail le dimanche est de nature à favoriser la croissance. «Notre objectif est d’assouplir la législation, mais en préservant l’équilibre local», affirme-t-il, estimant que ce sera aux «branches d’activité et non à la loi» de définir les conditions d’éventuels refus des salariés.
Fin septembre, Xavier Bertrand avait annoncé qu’une proposition de loi UMP visant à faciliter le travail du dimanche serait débattue d’ici à la fin 2008 au Parlement. Cette proposition de loi du député UMP des Bouches-du-Rhône Richard Mallié, entend étendre les dérogations au repos dominical. Une extension à laquelle les syndicats de salariés sont plutôt réticents, refusant la «banalisation» du travail le dimanche.
Refus syndical
Joseph Thouvenel, secrétaire général adjoint de la CFTC, s’est dit totalement opposé à l’assouplissement des règles du travail dominical. Présent dimanche au centre commercial de Thiais où se sont rendus Xavier Bertrand et Luc Chatel, il s’est offusqué que «deux ministres viennent soutenir des délinquants économiques». Certaines enseignes du centre ayant «été condamnées par les tribunaux et continuent à ouvrir», selon Joseph Thouvenel.
«Plutôt qu’un coup médiatique, on aurait préféré un débat de fond (…). Est-ce qu’on veut une société à l’américaine alors qu’ils nous ont démontré leur faillite économique?» s’interroge-t-il. «Il apparaît à tous que c’est un type de société dépassé, contraire aux objectifs de développement durable, et que nous devons préserver la vie familiale, associative, culturelle, collective», dit-il. Et de rappeler qu’on «n’est pas libre quand on est salarié», en réponse au ministre qui prône le volontariat du travail dominical.
Quant à la question du salaire, il souligne «qu’aujourd’hui, aucune loi en France n’oblige à payer plus». Et puis, «est-il normal qu’un salarié ait besoin de travailler le dimanche pour boucler ses fins de mois, alors qu’ils sont sous-payés?», s’interroge-t-il encore.